Se sentir acteur de sa vie est un ingrédient majeur de la santé mentale. Une vie sain d’esprit et heureux repose essentiellement sur notre capacité à avoir l’impression d’être aux commandes, c’est-à-dire à ne pas subir. Explorons les voies qui s’offrent à nous pour ce faire.
Nos fonctions sont hiérarchisées selon leur ordre d’apparition. Quand un réflexe, vieux de plus d’un milliard d’année s’active, tout ce qui est en aval s’efface. De même quand une émotion apparue il y a plusieurs centaines de millions d’années s’ébranle, tout ce qui est plus récent se subordonne à elle. Le raisonnement quant à lui, et la pensée réflexive qui en est indissociable, avec à peine deux millions d’années de développement, n’ont pas grand chose en aval à contrôler quand ils s’emballent. Ils sont plutôt en situation de devoir s’incliner devant les émotions et les réflexes.
Bref, subir sa vie signifie que notre pensée bute sur nos émotions ou nos réflexes qui s’imposent à elle. Il y a conflit interne. Les cercles vicieux dans lesquels nous tombons nous le rappellent. Un conjoint attaché à son partenaire peut nourrir une peur de le perdre et de se sentir abandonné qui conduisent à surveiller excessivement ce partenaire au point de s’en rendre insupportable et de créer les conditions de l’abandon. Un raisonnement libre concevrait alors d’arrêter de surveiller. Ce n’est pas le cas : le raisonnement se met au service de la peur d’abandon et enferme dans la boucle “je suis inquiet donc je surveille" qui se poursuit par “je surveille donc je suis inquiet".
Pour en sortir la pensée réflexive doit aller à la rencontre de l’émotion qu’elle subit et contre laquelle elle cherche à s’arc-bouter. Elle dispose de quatre possibilités à cette fin :
questionner,
amplifier,
ratifier,
anticiper.
L’émotion est nécessairement acceptée si nous posons une question à son propos, ou si nous demandons que soit amplifié ce qui l’active. Il en est de même quand nous reconnaissons que ce qui se passe est normal ou anticipons ce qui va se dérouler.
Dénouer le conflit interne
Questionner implique que ce sur quoi nous questionnons existe. De ce fait, c’est à la fois ce qui est agi par l’autre et la façon dont notre organisme le traduit émotionnellement qui sont reconnus au travers du questionnement.
Notre organisme est donc justifié à encoder l’émotion qu’il encode et notre pensée, en formulant la question, accepte l’émotion présente sans même avoir à en connaître la teneur. "Pourrais-tu m’en dire plus ?" ou "En quoi cela est-il important pour toi ?" peuvent être utilisés avec profit.
Demander à un enfant en colère d’amplifier sa colère, car nous sommes un mauvais parent pour avoir fait ce qui l’a mis en colère, implique que nous allons être exposés à sa colère de notre fait. Nous nous mettons donc en situation de synthétiser l’émotion que nous synthétisions déjà, nous ne la subissons plus.
Lorsqu’après avoir entendu les jérémiades qui nous exaspèrent, nous ratifions la situation en déclarant "J’entends que tu as eu des moments difficiles, et dans le même temps cela me rassure car si cela n’avait pas été le cas, je me serais inquiété", nous accueillons la plainte de l’autre et son effet émotionnel sur nous. Nous avons là encore utilisé notre pensée pour formuler une assertion qui nous conduit à valider l’émotion encodée par l’organisme indépendamment de notre pensée réflexive.
Si nous annonçons en anticipant "tu ne vas pas être content de ce que je vais te demander...", nous nous mettons en attente du mécontentement de l’autre et donc de l’effet émotionnel induit sur nous. Nous ne subissons plus l’émotion, nous l’attendons.
Dans tous ces cas, la pensée formule qu’elle donne à notre organisme le droit de ressentir ce qu’il ressent. Le conflit interne s’apaise. En tant que mammifère social nous communiquons silencieusement cet apaisement à l’autre qui l’encode malgré lui parmi tous les messages qu’il synthétise en son organisme. Par ailleurs, ces formes raisonnées autorisent implicitement l’autre à faire ce qu’il fait, ce qui est très respectueux : il se sent accueilli. Son message a donc été reçu, il ne lui est plus nécessaire de l’émettre, il peut donc s’apaiser par cette voie aussi. C’est toute la relation qui s’apaise de la sorte. Il n’y a ni sarcasme, ni moquerie, ni ironie. Il n’y a que la sincérité de vouloir s’harmoniser avec la situation en accordant son mental avec son physique. Il n’est même pas nécessaire de connaître l’émotion en cause, ce qui est très respectueux pour ceux d’entre nous qui ne peuvent les identifier : la simple prise de conscience d’une opposition, d’une contrainte ou d’un conflit suffit pour savoir qu’il est temps de procéder comme décrit ci-dessus.
Rencontrer ses émotions ainsi a un triple effet, sur soi, sur l’autre et sur la relation. Ces quatre façons de procéder sont de bons moyens pour redevenir acteur de sa vie et sortir de situations subies. Elles présentent l’avantage de la simplicité et de l’accessibilité. Chaque jour, nous pouvons nous y exercer au sein de nos interactions les plus banales et faire face ensuite avec élégance aux crises qui émaillent nos relations.
Paul-Henri Pion est psychopraticien à Courbevoie. « C’est en lâchant prise que vient la maîtrise ». Paul-Henri s’intéresse aux conditions de la performance et du bien-être humains. Sa pratique s’inscrit dans la lignée des travaux du Mental Research Institut dont il a suivi les enseignements. Économiste de formation, certifié en PNL et hypnose éricksonnienne, diplômé en psychologie, il met son expérience au service de votre bien-être.
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