Voici avec l’été, le relâchement tant attendu pour récupérer de la fatigue de l’année. Mais voilà, qui dit relâchement, dit retour au galop de la nature. Soleil et insouciance aidant, les émotions s’invitent dans notre quotidien et viennent perturber cette période de vacances, centrée a priori sur le plaisir. Qu’en est-il ? Comment y faire face ? Voici quelques saynètes et des réponses possibles pour désamorcer la dégradation de l’atmosphère des vacances.
« Tu roules trop à droite … tu as vu ce cycliste, tu as failli le renverser … ». Madame, si vous êtes soumise à ce genre de critique quand vous êtes au volant, vous devez en avoir une certaine habitude. Ou vous en avez pris votre parti et restez silencieuse mais n’en pensez pas moins, ou vous essayez de vous justifier et cela risque d’être l’escalade... comme d’habitude.
Cette situation, vous la connaissez, elle est prévisible. Alors une fois installée au volant et avant de prendre la route, posez donc gentiment la question suivante à votre mari : « tu sais, chéri, je me demande bien quels reproches tu vas pouvoir me faire en voyant comme je conduis si mal ». Si sa réaction est de poursuivre en commençant à aigrir l’atmosphère par « commence par regarder avant de déboiter ! » alors demandez-lui « ok, je vois que je suis toujours aussi nulle pour toi au volant, alors, je t’écoute, vas-y, dis moi tout maintenant, parce qu’après, je risque de perdre mes moyens et ce sera la meilleure façon d’avoir un accident ... », et vous ne partez que quand il a tout dit, ou quand il s’est tu.
« Ouiiiin je veux une glace comme le monsieur là-bas... ». Voilà le plus jeune qui fait un caprice au moment de repartir. Pas question de le laisser prendre une glace qui va fondre sur les sièges de la voiture surchauffée par le soleil. Rien n’y fait. Toutes vos tentatives de le calmer et de le ramener à la raison pour continuer le chemin vers la voiture conduisent à une aggravation de la situation tant et si bien qu’il est maintenant en colère et presque violent quand vous cherchez à obtenir qu’il vous suive.
Pour l’avoir vécu vous-même, vous le savez, une bonne colère, ça libère. Alors, libérez-le de sa colère et tant pis pour les passants. Vous savez qu’il va dire non et se mettre en colère : annoncez-le lui. « Tu as entièrement raison d’avoir envie d’une glace par cette température, et à ta place j’en voudrais aussi une. Malheureusement, je vais être très désagréable et si j’étais toi, je me mettrais en colère très fort, parce qu’il nous faut reprendre la voiture et on ne prendra pas de glace maintenant. ».
Vous vous faites surprendre et il part dans la colère. Observez-le et faites lui signe d’augmenter le volume, dites lui qu’il a raison et qu’il est admirable quand il est en colère. Quand sa colère faiblit, étonnez-vous en, « je vois qu’il te reste de la colère, vas-y encore, il doit y en avoir de cachée encore... ». S’il vous dit que ce que vous faites là n’est pas marrant et que vous n’êtes pas gentil / gentille avec lui, dites lui que justement avec un père / une mère aussi méchant / méchante il a de bonne raisons de vous en vouloir et d’être en colère... », et gardez sérieusement votre sens de l’humour.
« Je ne veux pas dormir dans cette chambre, il y a des araignées ... ». Pris par la peur, votre enfant refuse d’aller au lit. Il a bien vu une araignée et la peur ancestrale de cette bestiole à huit pattes s’est déclenchée. Produits chimiques, chasse à l’araignée de votre part n’y changeront rien, au contraire : si vous mettez tant de coeur à le protéger, c’est qu’il a vraiment eu raison d’avoir peur. Elle devait être encore plus dangereuse et monstrueuse cette araignée.
Une seule solution : entrer dans son jeu, avec lui. Faites lui décrire l’araignée pour bien la reconnaître, puis mettez vous en chasse de l’araignée en lui demandant de bien surveiller partout pendant que vous chassez dans les coins et recoins pour le cas où elle vous échapperait. Une fois bredouille, interdisez lui de monter dans son lit, défaites le devant lui pour vérifier s’il n’y a pas d’araignée, faites lui secouer et taper les coussins et continuer à veiller, regarder partout et amenez-le à chercher lui-même dans le feu de l’action. Si vous la trouvez, selon votre humeur et vos valeurs, faites la fuir ou écrasez-là devant lui. Poursuivez vos recherches pour le cas où il y aurait des petits d’araignées, etc... exaspérez-le sérieusement, et quand il devient évident que pas un recoin n’a échappé à votre investigation et pas une araignée n’est encore vivante dans sa chambre, alors, laissez-le se coucher et recommencez la même scène le lendemain jusqu’à ce qu’il vous signifie que ce n’est plus la peine, c’est à dire jusqu’à ce que cette recherche consciencieuse lui soit devenue une sympathique torture. D’accord, s’en était une aussi pour vous, mais en l’état, vous venez de troquer deux soirs de recherche méticuleuse théâtralisée avec votre enfant contre une phobie envahissante qui vous gâche les vacances... et peut être encore plus par la suite.
« Chez Mamie, on ne fait jamais rien, j’ai pas envie d’y aller ». Mince, vous aviez justement planifié d’y passer une semaine en famille et vous voilà face à une quasi mutinerie. Pire, vous savez que vos enfants ont raison : Mamie fixe des règles de vie invivables et vous avez tellement peur d’entrer en conflit avec elle que vous n’avez jamais rien dit. Comment faire pour réussir à rendre cette visite agréable pour les enfants tout en respectant Mamie, alors que votre peur de décevoir ou votre peur du conflit vous paralyse ?
Surtout, ne cherchez pas à vous raisonner, toutes les bonnes raisons de passer une mauvaise semaine seraient réunies. Imaginez plutôt tout ce qui pourrait arriver de pire si vous faisiez quelque chose avec les enfants tout en étant chez Mamie. Imaginez les pires catastrophes qui pourraient en découler et exaspérez-les jusqu’à la saturation complète. Vous découvrirez peut-être que ce séjour chez Mamie peut prendre une autre forme que celle de l’ennui et de la poursuite des vacances avec des enfants sur les nerfs alors que vous êtes prêts à exploser d’avoir tant pris sur vous pendant cette semaine chez Mamie. Mais pour arrivez à cela, au risque de me répéter, surtout ne cherchez pas les solutions pour que tout se passe bien : vous avez toujours fait ça et voilà où vous en êtes ; explorez plutôt toutes les voies possibles pour enchaîner les catastrophes même les plus improbables et inimaginables comme dans un scénario de film fantastique. Partez de vos peurs les plus banales voire inavouables et passez au-delà en imaginant les pires conséquences qui soient si de peurs elles devenaient réalités.
C’est la fin des vacances et il vous faut rentrer. Votre ado a l’air triste et « fait la gueule » : il lui faut quitter son flirt de l’été. Vous cherchez à détourner son attention, à le raisonner, à l’intégrer aux tâches de la vie familiale, à le secouer, etc. Rien n’y fait, plus vous le sollicitez plus il s’enferme dans une bouderie rêveuse et parfois hargneuse en réponse à vos interventions.
Laissez-le tranquille, mais ne l’abandonnez pas. Émaillez de temps en temps vos propos de « c’est dur », « c’est difficile », invitez-le à prendre du repos dans la voiture ou les transports, proposez-lui d’écrire et de décrire, dans une sorte de journal intime, les moments passés avec l’autre, etc... et faites-le participer « au ralenti » à toutes les activités familiales : il a besoin de se sentir entouré (même s’il semble montrer le contraire) et de pouvoir décanter. Pour décanter, il lui faut du temps : ce sera d’autant plus court que vous lui en laisserez l’espace.
Vous avez noté que dans tous ces exemples, pour rebondir,
1- il ne s’agit pas de s’opposer à ce qui se déroule mais de l’accueillir et de l’accompagner. En effet, celui qui est en colère, a peur ou a mal, souffre et envoie un message à son entourage. Il entend bien qu’il soit compris. Donc il attend un accusé de réception qui lui dit « j’ai vu que tu es en colère, j’ai vu que tu as peur, j’ai vu que tu as mal » même si le « tu » en question c’est vous même. Tant qu’il n’a pas reçu un tel accusé de réception, il insiste, ce qui est propice à l’escalade. Donc la première des choses à faire pour passer de bonnes vacances, c’est de partir en se disant :
s’il se met en colère, il a raison, alors créons un cadre dans lequel il pourra vivre sa colère et qui me respecte
s’il a peur, il a raison, donc accompagnons le au bout de sa peur
s’il a mal, il a raison, permettons lui de traverser sa souffrance tout en le conservant avec nous
2- tout se passe comme si vous voliez son texte à celui dont l’émotion risque de diffuser la souffrance autour de lui. C’est SON texte, alors si vous lui demandez de le réciter ou si vous le dites à sa place, c’est comme s’il en perdait l’originalité et la paternité. Il abandonnera sa partition et l’émotion susceptible de faire souffrir ne se communiquera pas à l’entourage. En retour, cela lui permettra de s’en libérer tout en l’ayant vécue.
Je vous souhaite un été riche de très belles émotions familiales et amicales.
Après 16 années passées dans des postes à responsabilité en entreprise, Paul-Henri Pion s’est investi dans les métiers de la relation et de l’accompagnement de la personne. Il exerce aujourd’hui comme psychothérapeute. Sa pratique s’inscrit dans la lignée des travaux du Mental Research Institute de Palo Alto (Californie) et de son Centre de thérapie brève.
Paul-Henri Pion est psychopraticien à Courbevoie. « C’est en lâchant prise que vient la maîtrise ». Paul-Henri s’intéresse aux conditions de la performance et du bien-être humains. Sa pratique s’inscrit dans la lignée des travaux du Mental Research Institut dont il a suivi les enseignements. Économiste de formation, certifié en PNL et hypnose éricksonnienne, diplômé en psychologie, il met son expérience au service de votre bien-être.
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