Demander à quelqu’un de faire ce qu’il cherche à ne pas faire peut paraître bizarre. Pourtant, quand ce qu’il ne veut pas faire le dérange, c’est là une façon astucieuse et efficace de l’aider. Il arrête bien malgré lui ce qu’il n’arrivait pas à arrêter volontairement en s’y opposant. C’est la prescription de symptôme. Une lecture fine de son économie permet d’en saisir la puissance et d’en faire un acte respectueux du quotidien.
Imaginez votre enfant qui lance une bordée de jurons. Il sait que cela est susceptible de fâcherie avec vous. Il tente la provocation, elle lui échappe peut être. Cela vous déplaît et vous souhaitez qu’il apprenne à en épargner vos oreilles. Cependant vous êtes soucieux de lui inculquer les bonnes manières tout en le respectant. Imaginez en vous-même le dialogue intérieur suivant :
si je lui dis que ce n’est pas bien, dans quelle mesure est-ce que je le respecte et lui donne envie d’arrêter ?
et puis, en lui disant que ce n’est pas bien, se sent-il accueilli, condition nécessaire pour qu’il me fasse confiance ou entend-il qu’il a tort de s’exprimer ainsi ?
qu’il a tort de s’exprimer ainsi, bien évidemment ! De plus, par expérience, je sais que quand quelqu’un sent que d’une façon ou d’une autre je lui dit qu’il a tort, il va essayer de me convaincre que c’est moi qui suis dans l’erreur. Donc il continuera de plus belle.
comment obtenir alors qu’il arrête sans risquer de provoquer chez lui l’envie, voire la nécessité (c’est irrépressible), de poursuivre ?
en fait, je veux qu’il cesse d’envoyer son message grossier...
Là vous avez un instant de perplexité. Vous avez conçu l’idée d’obtenir qu’il arrête sans vous opposer à lui. Après quelques minutes de blanc surgit l’évidence :
si je considère qu’il ne peut pas ne pas communiquer, alors son attitude aussi provocante soit elle n’est rien de plus qu’un message et on insiste sur un message quand la réception est mauvaise et arrête quand on a l’impression que le message a été reçu...
il me faut donc lui donner l’impression qu’il a été compris, tout en veillant à ce qu’il ait moins envie de recommencer. Ce sera déjà un début.
Vous osez alors lui demander, après avoir repris certains des jurons qu’il vient de prononcer :
tu en connais d’autres ?
Puis vous rajoutez avec le plus grand naturel :
et celui-ci (vous sortez un juron adapté à la série de ceux qu’il a énoncés), tu le connais ?
Je vous garantis que votre enfant sera décontenancé. Vous n’ajoutez rien et observez la suite. Que se passe-t-il ? Votre enfant a franchi un interdit et met la relation sous tension. Intérieurement, il est mal. En entrant dans son jeu, il se sent reconnu dans sa position. Il s’apaise. Vous en connaissez au moins autant que lui, il peut vous faire confiance.
En effet nous accordons notre confiance à ceux qui sont au moins aussi fort que nous. Il s’agit là d’un processus archaïque de protection réciproque. Maintenant qu’il s’est apaisé et qu’il a confiance en vous, il est possible de négocier. Ici, négocier sera ne pas négocier, il n’en n’est pas besoin. Son message a été reçu, il peut passer à autre chose.
Cet exemple met en évidence que la dynamique de la prescription de symptôme n’est autre que celle de l’accueil inconditionnel de l’autre. Vous avez rencontré votre enfant dans sa position, il s’est senti reconnu, accueilli, il cesse d’envoyer son message. Il en est de même quand on demande à une personne prisonnière d’un TOC de faire volontairement son TOC ou à un colérique de faire sa colère. Du moment que cela est fait avec bienveillance, la personne se sent reconnue et n’a plus besoin d’émettre son message. Elle s’arrête.
Derrière la prescription de symptôme comme derrière toutes les approches dites paradoxales se cache l’accueil inconditionnel de l’autre et donc la seule façon respectueuse de composer avec son prochain.
Avec confiance et bienveillance, je vous invite à composer avec vos proches plutôt qu’à vous y opposer. La vie ne vous en paraîtra que plus agréable.
Économiste de formation, formé à la lecture et à l’anticipation des évolutions de la conjoncture, Paul-Henri Pion a passé 16 années dans des postes à responsabilité en entreprise. Depuis 2000, il se consacre à la lecture et à l’anticipation des interactions humaines. Il exerce aujourd’hui les thérapies brèves et le coaching stratégique. Sa pratique s’inscrit dans la lignée des travaux du Mental Research Institute de Palo Alto (Californie) et de son Centre de thérapie brève. . |
Paul-Henri Pion est psychopraticien à Courbevoie. « C’est en lâchant prise que vient la maîtrise ». Paul-Henri s’intéresse aux conditions de la performance et du bien-être humains. Sa pratique s’inscrit dans la lignée des travaux du Mental Research Institut dont il a suivi les enseignements. Économiste de formation, certifié en PNL et hypnose éricksonnienne, diplômé en psychologie, il met son expérience au service de votre bien-être.
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