Mieux-être passe par exercer son intelligence avec bon sens et sortir de l’aveuglement pour voir les évidences.
« J’ai tout essayé, je ne vois plus quoi faire, aidez-moi... » C’est ainsi que la prise en charge débute parfois en psychothérapie. Le client semble signifier que, si lui ne voit plus, le psychothérapeute pourrait voir à sa place et le sortir de l’impasse. De fait, tout se passe comme si le client avait perdu la capacité de voir, quand bien même il énonce souvent sa situation tout en dévoilant la solution. Il cherche à aller bien or il va mal. C’est donc que ce qu’il fait raisonnablement pour aller bien ne fonctionne pas et pourtant il continue. Son raisonnement est asservi à plus fort que lui et ne fait plus que justifier le problème et en entretenir la dynamique. Il semble avoir perdu le bon sens qui lui permettrait de voir ce qui saute aux yeux de ceux qui le côtoient et qui lui prodiguent parfois des conseils tout aussi judicieux qu’inefficaces.
Ce qu’il vit semble crier « mais qu’as-tu fait du bon sens qui t’a été donné ? ». Mieux-être apparaît alors comme la capacité d’exercer son intelligence avec bon sens. Mieux-être serait alors sortir de la cécité dans laquelle le client se trouve et recouvrir la capacité à voir le simple, l’évident et l’acter. À trop vouloir aller bien le client s’est enfermé dans un cul de sac dont il ne voit que le fond au point d’en oublier l’autre côté, celui par lequel il pourrait sortir. À trop vouloir vivre mieux, il vit plus mal. C’est le paradoxe des tentatives de solutions apparemment bonnes et dans lesquelles il est possible de s’enfermer pour créer son propre enfer. La psychothérapie est là pour en arrêter le cercle vicieux.
Ce qui est vrai pour le client pris individuellement s’observe aussi au niveau des groupes. Et parfois, rêver de voir une nation entière venir en psychothérapie émerge des esprits les plus sereins. À trop vouloir aller bien, l’aveuglement chasse le bon sens et l’intelligence devient une « arme de destruction massive » d’autant plus dangereuse qu’elle avance sous des dehors salvateurs.
Le lecteur français reconnaîtra facilement ce qui suit. Le lecteur d’un autre État trouvera à faire des parallèles avec sa propre expérience nationale. Âmes bien pensantes, passez votre chemin : voici deux exemples édifiants de ce que le mieux-être passe par l’exercice de l’intelligence avec bon sens. L’un touche à l’amélioration du niveau de vie après le départ en retraite, l’autre relève de la nécessité de laisser une planète en meilleur état aux générations futures. Dans un cas comme dans l’autre, le mieux-être est en cause. Visiter ces deux orientations laissent pantois.
Le système de retraite par répartition semble prendre l’eau ? Promouvons l’immobilier retraite ! Tel est le cheval de bataille de nos gouvernements depuis quelques années déjà. Le bon sens de nos grands parents est même invoqué à cet égard : la pierre, rien de plus sûr, pour autant qu’on puisse se l’offrir. Alors, on invente un système pour la rendre accessible. Promoteurs et financiers sont sollicités pour offrir une solution à ce besoin.
Donc nous voyons atterrir dans nos boîtes aux lettres, dans nos téléphones et sur les affichages de nos rues des propositions alléchantes pour investir en vue de la retraite. Objectif annoncé : créer une rente complémentaire. Objectifs implicite : améliorer le niveau de vie une fois parti en « inactivité ». Moyen mis en œuvre : créer aujourd’hui un effort d’épargne qui sera récompensé demain par une augmentation de son niveau de vie entre la fin de la période d’investissement et la mort. Car le but poursuivi est bien d’améliorer l’ordinaire d’ici à la fin de ses jours. L’effort d’épargne est favorisé par une diminution d’impôt censée améliorer le rendement de l’opération, c’est à dire censée augmenter le niveau de vie future.
Un petit tour dans le discours des vendeurs d’immobilier retraite montre qu’ils vendent une opération positive pour le futur retraité, avec un rendement alléchant. Cela se conçoit, personne ne souhaite investir à perte. À la clé entre autre, l’avantage fiscal et la valeur de l’immobilier à terme. C’est à dire que la rentabilité affichée prévoit la revente de l’immobilier le jour de sa mort. Or personne ne revendra l’immeuble le jour de sa mort, non seulement parce que cela est impossible, mais aussi parce que garder l’immeuble qui génère la rente jusqu’au bout fait partie de l’opération.
Un petit tour dans les calculs, espérance de vie prévisible prise en compte, montre qu’une fois intégrés les différents frais afférents à l’acquisition et au maintien en vie de l’immeuble, si la valeur de revente est soustraite du calcul, l’opération est globalement perdante pour l’investisseur, d’autant que la valeur de revente bénéficie souvent d’hypothèses de revalorisation favorables. Pour le lecteur avisé, ce phénomène se constate fréquemment avant comme après actualisation de la série des flux. Ceci reste vrai que l’opération entre dans le champ de la TVA ou pas, selon les choix offerts par le fisc. De plus, pour peu que la chute des revenus de base fasse descendre d’une tranche d’imposition après le départ à la retraite et c’est aussi l’avantage fiscal qui en prend un coup. Il s’ensuit que la somme des flux jusqu’à la mort de l’investisseur est, une fois corrigée de l’hypothèse de revente, négative. L’investisseur ne récupère pas pendant sa retraite ce qu’il a épargné auparavant. L’effet de cette belle mesure fiscale est donc de diminuer le train de vie de l’investisseur pendant sa période d’activité et de lui redistribuer ensuite un pouvoir d’achat inférieur à son effort d’épargne. Cette mesure a donc pour effet d’appauvrir l’investisseur et ainsi, comme toute mesure appauvrissante, de ralentir globalement l’économie. Le mieux-être de l’épargnant, et de ses enfants qui subissent par ailleurs le ralentissement économique induit, n’est donc pas atteint. Curieux raisonnement que celui des chantres de la retraite-pierre.
Autre dimension, autre distorsion. Il semble certain que l’activité humaine envoie des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. La chasse au CO2 est donc ouverte. L’une des façons de lutter contre l’émission de CO2 vivement promue en France est le recours à l’énergie électrique d’origine éolienne. Nous sortons d’un hiver froid, regardons une évidence : quand il a fait si froid et que nous avions besoin de nous chauffer, le vent était quasi nul. Donc en période de grand froid, point d’électricité d’origine éolienne dans un pays dont une part importante du chauffage dépend directement (chauffage électrique) et indirectement (pilotage des chaudières et des poêles) de l’électricité. De même, au plein cœur de l’été, quand nous apprécions que les hôpitaux, les centres commerciaux ou notre hôtel préféré soient climatisés, point d’électricité d’origine éolienne. Pendant les périodes de forts vents, point d’électricité d’origine éolienne, il y va de la sécurité de ces installations. Tout compte fait, les éoliennes dans nos contrées ne peuvent produire qu’un quart du temps. Il faut donc y suppléer les trois quarts du temps. La variabilité de leur production liée aux humeurs du vent nécessite que la production de substitution soit assurée par des usines très réactives, l’électricité ne se stockant pas. Dans l’état actuel des connaissances, ce sont les usines à combustible fossile (charbon, pétrole et gaz) qui répondent à cette exigence. L’éolien, c’est donc un quart de vent et trois quarts d’énergie d’origine fossile. Adopter l’éolien, alors que le parc de production installé fonctionne avec très peu d’énergie d’origine fossile, c’est imposer de produire avec des énergies d’origine fossile ce qui était produit antérieurement sans énergie d’origine fossile. En outre, en consommant de ce fait encore plus d’énergie d’origine fossile alors que nous n’en avons pas besoin, nous privons les pays en développement d’une ressource nécessaire pour sortir de la pauvreté et nous diminuons la durée de vie du stock disponible d’énergie d’origine fossile. Est-ce bien raisonnable tout cela ?
La première évidence tient au fait que la retraite se termine par la mort. La deuxième évidence tient au fait que le vent ne souffle pas toute l’année ni toujours de façon exploitable quand il souffle. Dans les deux cas, appliquer des recettes « a priori » et hors contexte conduit à l’effet inverse de celui recherché. Il est temps de sortir de l’aveuglement et d’exercer l’intelligence avec bon sens : il y va de notre mieux-être à tous.
Économiste de formation, formé à la lecture et à l’anticipation des évolutions de la conjoncture, Paul-Henri Pion a passé 16 années dans des postes à responsabilité en entreprise. Depuis 2000, il se consacre à la lecture et à l’anticipation des interactions humaines. Il exerce aujourd’hui comme psychothérapeute. Sa pratique s’inscrit dans la lignée des travaux du Mental Research Institute de Palo Alto (Californie) et de son Centre de thérapie brève.
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Paul-Henri Pion est aussi l’auteur de "50 exercices pour lâcher prise".
D’un accès facile et ludique, cet ouvrage destiné au grand public recèle l’essence des orientations stratégiques et systémiques. Les thérapeutes en formation y trouveront des « tâches » à partir desquelles ils pourront se familiariser avec le modèle d’intervention.
Les consultants y trouveront des clés pour gérer leur communication. Les formateurs auront là des exemples d’application faciles d’accès pour illustrer leur propos.
(Voir la présentation du livre).
Paul-Henri Pion est psychopraticien à Courbevoie. « C’est en lâchant prise que vient la maîtrise ». Paul-Henri s’intéresse aux conditions de la performance et du bien-être humains. Sa pratique s’inscrit dans la lignée des travaux du Mental Research Institut dont il a suivi les enseignements. Économiste de formation, certifié en PNL et hypnose éricksonnienne, diplômé en psychologie, il met son expérience au service de votre bien-être.
Tél. 06 03 10 66 90 - 01 43 34 12 39
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