Le client passe la porte du cabinet du thérapeute avec la demande minimale « que « ça » s’arrête » voire « que « ça » aille mieux ». Il confère au thérapeute le pouvoir de répondre à son attente. Or « que « ça » s’arrête » ou « que « ça » aille mieux » n’existent pas tout prêts à livrer sur une étagère. Le thérapeute doit donc en savoir plus : c’est l’investigation. Elle se répète d’une façon ou d’une autre à chaque séance.
La venue du client semble signifier qu’il attend que quelque chose change. Son histoire montre qu’il a essayé beaucoup de choses pour changer. Peut-être même, son entourage a-t-il tenté de le faire changer. Mais rien de satisfaisant n’en a résulté. C’est en désespoir de cause qu’il vient consulter. Il n’y arrive plus. Il se sent impuissant. Ses proches lui renvoient qu’ils ne peuvent plus rien pour lui. Il est à bout de course. Eux sont épuisés.
L’évidence s’impose, le client qui vient a déjà tout essayé, il ne peut pas changer. C’est avec cette réalité à l’esprit que le thérapeute l’accueille. Il ne le fera pas changer, il n’en a pas la capacité. La seule personne à même de changer quelque chose, c’est le client. Or il est coincé.
Toute tentative de raisonner autrement conduit à adopter à plus ou moins long terme un but à la place du client et à vouloir le faire changer ... avec la certitude d’échouer.
L’intervention du thérapeute a pour objectif de desserrer l’étau dans lequel le client est pris, puis de lui montrer qu’il peut bouger. Elle porte sur ce qui coince le client et non sur ce dernier.
L’investigation du thérapeute se focalise par conséquent sur les conditions dans lesquelles le client souffre ou vit le dysfonctionnement pour lequel il vient consulter. C’est à l’intérieur de cet ensemble que le client apporte le degré de liberté qui permettra le changement : les leviers de l’intervention sont dans ce qui coince le client, c’est à dire dans l’espace des relations qu’il tisse avec son environnement. Le changement porte donc sur cet espace.
Ce dernier est entendu au sens large comme l’espace physique, l’entourage et les pensées du client.
C’est donc ce sur quoi le thérapeute doit se focaliser.
C’est sur cet espace client-/-contexte-de-vie que va porter son intervention. Ce niveau d’intervention est aussi celui qui assure au client la plus grande liberté. Une fois les contraintes qu’il subit élargies un tant soit peu, il procédera lui-même aux ajustements pertinents. Il conserve de ce fait l’initiative. Il reste maître de la situation.
Tout se passe cependant comme si le client qui consulte ne voyait plus ce que la situation recèle de possibilités. Le thérapeute doit lui communiquer les informations nécessaires pour qu’il agisse là où les conditions le permettent.
Cependant, le thérapeute ignore tout de celles-ci quand son client s’assied en face de lui. Il lui faut les découvrir. La curiosité du thérapeute porte donc sur « comment se manifeste dans le présent ce qui amène aujourd’hui le client à consulter ». Il s’intéresse à la situation dans laquelle ce que vise le client survient, comment s’exprime son « mal-être » et cherche à en avoir une représentation aussi précise que possible.
Lors de l’entretien, le client décrit la situation de l’intérieur. Bien des aspects de son exposé sont difficiles à se représenter. Le thérapeute a besoin de mettre en scène aussi précisément que possible la façon dont s’expriment et se déroulent les situations « dysfonctionnelles ». Il lui faut se construire une image compréhensible du « mal-être ». Il est alors conduit à poser des questions concrètes sur ce que vit, sent ou pense le client dans ses situations de « mal-être ».
Dans quel contexte le vit-il ? En présence de qui ? Ce mal-être s’exprime sous la forme de pensées, d’actions, de sensations ? Avec quelle étendue ? Est-ce invalidant ? Légèrement ? Massivement ? Qui est demandeur de ce que ça s’arrête ou que ça aille mieux ? ...
Ces questions ont aussi pour effet de faire émerger chez le client une représentation clarifiée de la situation. Chaque question joue le rôle de la gouge ou du burin du sculpteur et fait émerger petit à petit la forme de « que « ça » s’arrête » ou « que « ça » aille mieux ». Réciproquement, chaque réponse sculpte à son tour l’image que se forme le thérapeute.
Le thérapeute s’attache à se construire une représentation dynamique du « mal-être ». Il s’adresse à un client bien vivant, animé. Il a besoin d’une représentation elle aussi vivante.
En quoi le client a-t-il perdu prise et est-il dépassé par la situation ? Quel automatisme semble prendre le contrôle du client à un moment donné ? Dans quelle configuration tout cela se manifeste-t-il ? Comment se répète le phénomène ? En présence de qui ou quoi, à quel moment, pendant combien de temps, avec quelle fréquence ? etc...
Le thérapeute cherche à débusquer dans les récits du client les successions de prises de positions qui construisent le piège dans lequel il se débat et dont il demande à être sorti. Elles le guident au contexte de mise en oeuvre. Elles éclairent l’espace relationnel dans lequel tout se joue.
Au fil des questions et des réponses, des anecdotes et des descriptions, le piège prend forme, sa logique sous-jacente émerge, sa cohérence apparaît.
Le client cesserait de se débattre et arriverait à se sortir de la situation qu’il amène s’il avait prise dessus. Or elle lui échappe. Ce dans quoi il se débat a acquis sa propre cohérence. Le processus dysfonctionnel s’impose à lui et il n’arrive pas à s’en extraire. Le piège se referme et se nourrit de tout ce qu’il tente, volontairement ou malgré lui. Sa logique est inopérante à le sortir d’affaire. Au contraire, elle répond à la logique de la situation dont il veut se sortir, pour mieux l’y maintenir. Il ne peut donc que crier « à l’aide », impuissant, prisonnier d’un point de vue qui l’empêche de décoder le piège dans lequel il est et d’en déjouer la cohérence.
Le thérapeute observe et se demande dans quelle situation, en présence de qui, avec qui ou avec quoi, à quelle fin ce qu’il observe est logique, indépendamment de ce que lui pourrait considérer comme normal du fait de sa propre culture. Il raisonne à la fois en anthropologue et en logicien. Il cherche à comprendre comment le phénomène que lui apporte le client s’active et se pérennise. Il observe et décode le contexte de vie. Il entre dans le monde du client et apprend à s’y mouvoir. Il a vue maintenant sur l’intérieur.
La dynamique du client pris dans son piège prend alors forme et les éléments mobilisés sont identifiés. Le moteur qui anime le processus dysfonctionnel se livre petit à petit. Le biais logique qui l’accompagne, le cercle vicieux dans lequel le client se débat sont là. Leur degré de précision, leur étendue et l’implication de l’entourage du client, leur autonomisation par rapport à la volonté du client, peuvent devenir la base de travail du thérapeute. Ce socle livre les leviers qu’il confiera à son client. Ce dernier pourra alors construire sa propre solution.
Par ailleurs, la façon de questionner et d’arriver à une représentation utilisable par le thérapeute, conduit le client à visiter sa situation avec un autre oeil. Dès la phase d’investigation, il peut reconsidérer la logique et les prises de positions associées. La lumière filtre aussi de ce côté.
Voilà ce que le thérapeute stratégique cherche en thérapie brève et pourquoi il semble parfois si curieux de connaître des choses anodines du quotidien : c’est là dessus qu’il va construire une issue avec son client.
Seul cet espace client-contexte, ces lieux d’inter-relations sont à même de bouger. Il est donc nécessaire de les connaître précisément.
Après 16 années passées dans des postes à responsabilité en entreprise, Paul-Henri Pion s’est investi dans les métiers de la relation et de l’accompagnement de la personne. Il exerce aujourd’hui comme psychothérapeute. Sa pratique s’inscrit dans la lignée des travaux du Mental Research Institute de Palo Alto (Californie) et de son Centre de thérapie brève.
Paul-Henri Pion est psychopraticien à Courbevoie. « C’est en lâchant prise que vient la maîtrise ». Paul-Henri s’intéresse aux conditions de la performance et du bien-être humains. Sa pratique s’inscrit dans la lignée des travaux du Mental Research Institut dont il a suivi les enseignements. Économiste de formation, certifié en PNL et hypnose éricksonnienne, diplômé en psychologie, il met son expérience au service de votre bien-être.
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