Que nous le voulions ou non, que nous en ayons conscience ou non, nous sommes des êtres territoriaux. Le territoire peut être défini comme une portion de l’espace formant une unité cohérente, physique (entre autre), sur laquelle vit un groupe d’individus dépendant d’une autorité.
L’être territorial fait donc partie de ces individus. Cela sous-entend plusieurs réalités : d’une part, que l’espace et même le temps font partie du territoire. D’autre part, que la présence et la distance physique entre les individus a un impact sur leur système. Et d’autre part encore, que le groupe d’individus est régulé par une autorité, et donc un système hiérarchique.
Tout cela peut se mesurer, s’analyser, se questionner, s’affiner pour entrevoir, à travers différents paramètres, comment nous percevons la vie, l’autre, le monde et nous-même !
L’espace
Quel espace vous accordez-vous ? Et quel espace accordez-vous aux autres ? Au travail, à la maison, en société, en famille, chez vos amis, avec vos voisins, … ?
Avez-vous un endroit qui vous est réservé, rien qu’à vous (à table, dans la maison, le jardin, …) ? Est-ce que les mêmes règles sont appliquées à tous ceux qui partagent votre espace ? Est-ce un partage équitable de la place de chacun ?
Autre situation intéressante à analyser : dans la rue, vous faites-vous souvent bousculer ? Êtes-vous celui ou celle qui s’écarte pour laisser passer les autres ? Si oui, est-ce par conviction, habitude, peur de déranger, d’irriter, des représailles ?
Lorsqu’on perçoit l’individu comme un être territorial, on interroge d’autant plus son interaction avec l’espace, car cela donne des informations sur sa perception de lui-même, de l’autre et de l’environnement. En effet, la place que l’on prend ou non se mesure aussi, de manière très concrète, à celle que l’on accepte ou non d’occuper, physiquement, avec son corps.
Le temps
Vous sentez-vous « maître » de votre temps ? Pouvez-vous l’agencer comme cela vous sied ? Avez-vous l’impression d’en manquer ? Qu’il s’écoule entre vos doigts sans que vous ne puissiez rien y changer ?
Quand vous êtes entouré(e) d’autres individus (ici aussi, on pourrait catégoriser vos sphères privées, sociales, professionnelles, familiales, intimes, …) : quel temps vous accordez-vous, à vous-même et aux autres ?
Si vous discutez ensemble, par exemple ? Intervenez-vous ? Coupez-vous la parole à l’autre ? Acquiescez-vous, simplement, aux propos entendus ?
Lorsqu’on perçoit l’individu comme un être territorial, on interroge d’autant plus sa gestion du temps : le subit-il, le gère-t-il, se laisse-t-il dépasser, exercice-t-il un contrôle ajusté sur celui-ci ? Tout cela nous donne des informations précieuses sur ses permissions (ou l’absence de celles-ci).
Les interactions
Comment vous comportez-vous, par exemple, sur la route ? Comment qualifieriez-vous votre conduite, celle des autres usagers ? Ce qualificatif se modifie-t-il lorsque vous avez tout votre temps, êtes en retard, sur les nerfs, angoissé(e), … ?
Dans un tout autre registre, pouvez-vous vous sentir en sécurité, même sans la présence de l’être aimé (quelle que soit la forme d’amour) ? Avez-vous besoin de le/la contacter régulièrement ?
Les réseaux sociaux sont-ils pour vous une manière de vous connecter aux autres ? De vous rapprocher d’eux ?
Lorsqu’on perçoit l’individu comme un être territorial, on interroge d’autant plus ses interactions : cela nous donne des informations sur la posture qu’il prend par rapport à l’autre, s’il se donne plus, moins ou autant d’importance et comment cela se manifeste. Cela sous-entend la question de la sécurité : de quelle(s) protection(s) personnelle(s) bénéficie-t-il ? Est-ce suffisant ? A quel point s’appuie-t-il sur l’autre pour assurer sa propre sécurité ou au contraire refuse-t-il de demander de l’aide (par orgueil, besoin de (se) prouver sa valeur, peur de déranger, blesser, …) ?
Hiérarchie
Vous remet-on régulièrement à votre place ? Et vous, remettez-vous à sa place, celui ou celle qui aurait besoin d’un recadrage ? Est-ce simple, agréable, important pour vous ?
Comment vivez-vous l’autorité ? La représentez-vous, même en partie ? Est-ce un rôle agréable, facile, intéressant à endosser ? Quelle serait, selon vous, votre place dans la hiérarchie familiale, professionnelle, sociale ?
Lorsqu’on perçoit l’individu comme un être territorial, on interroge d’autant plus sa place dans la hiérarchie, ce qui affine la réflexion précédente, sur ses interactions. Est-il en accord avec la place qu’il prend (ou pas), qu’on lui donne (ou pas) ? Est-il dans l’acceptation, le refus, la rébellion, la soumission, … ? Ce sont de précieuses informations sur sa place au sein même de sa « carte du monde » !
Intrusions quotidiennes
Comment vivez-vous la promiscuité ? Et à l’inverse les vastes étendues ? Le bruit et le le silence ?
Pouvez-vous vous passer de votre téléphone plusieurs heures sans ressentir un manque ?
Combien de publicités entendez-vous, voyez-vous, chaque jour ?
Si l’on vous appelle, décrochez-vous systématiquement ? Pourquoi le faites-vous (ou non) ? Pouvez-vous être serein(e) en l’absence de musique, podcast, émission, … ?
Lorsqu’on perçoit l’individu comme un être territorial, on interroge d’autant plus sa conscientisation des intrusions, et ce quelle que soit leur ampleur, de la vie quotidienne, ainsi que sa capacité à fixer des limites claires. Cela rejoint la question des « permissions » qu’il s’accorde, mais également des « protections » qu’il se donne et du rayonnement de sa propre « puissance » : ce que l’ Analyse Transactionnelle appelle « les 3P » les regroupe dans une alliance très intéressante à décortiquer et déployer.
Aborder la question du territoire, vous l’aurez compris, nous permet d’aller dans une multitude de directions différentes. Les questions ci-dessus sont assez pragmatiques, et c’est une base solide qui nous permet d’aller interroger plus loin que le territoire physique, vers le territoire psychologique et émotionnel, par exemple. En effet, parmi nos émotions, quelles sont celles qui nous appartiennent vraiment ? Comment les différencier de celles que l’on a apprises, mimées, enregistrées ? Ces émotions ne seraient-elles pas issues d’un héritage familial ou sociétal ? Ceux et celles qui ont tendance à l’empathie, ne portent-ils/elles pas les émotions des autres, en plus des leurs ?
Le territoire que l’on ne prend pas n’est pas nécessairement de l’altruisme, cela peut aussi s’avérer être un déséquilibre de la relation. En effet, en venant au monde, chacun acquiert une place, de par sa simple existence. Si on passe sa vie à s’excuser d’être là, on ne prend pas cette place qui pourtant est la sienne. Et d’autres la prendront. Il y a souvent déséquilibre quand l’un prend trop et l’autre pas assez, le triangle de Karpman l’illustre à merveille ! Celui qui détient le pouvoir n’est pas toujours celui qu’on croit. En effet, c’est la Victime, contre tout attente, qui le détient, dans la mesure où elle attire, sans même s’en rendre compte, le Sauveur ou le Persécuteur. Sans Victime, il n’y a plus personne à sauver ou à persécuter. En conscientisant cela, on peut donc se concentrer sur ses propres besoins et quitter ce rôle qu’on adopte souvent, malgré nous, pour ne pas prendre réellement soin de nous.
Pour affiner son rapport à soi et à l’autre, le coaching assisté par le chien est particulièrement indiqué. C’est l’un des grands avantages à travailler au contact d’animaux : ils nous rappellent constamment cette notion de territoire ! En sélectionnant et éduquant les chiens à ce travail, on s’assure de leur totale sécurité. Cela permet de se confronter à cette prise (ou non) de la place. Lorsque, par exemple, vous prenez la laisse en main pour guider le chien, vous êtes le leader. Si vous vous courbez sans cesse en attente de son approbation, suivez sa direction, vous adaptez à son rythme, alors ce n’est plus vous le leader, c’est lui. Cela déséquilibre la relation : parce que le chien, animal social par définition a besoin d’un leader. Quand il le devient lui, les risques de dérapage sont imminents. Il est donc sécurisant pour lui que vous soyez son leader. Cela se manifeste par le fait, par exemple, de développer votre assertivité quant à vos demandes et de combiner cela à des récompenses chaleureuses pour l’effort qu’il fournit à vous suivre dans cette direction. Vous construisez alors de la coopération : il agit parce qu’il a quelque chose à gagner à le faire (et vous aussi, par la même occasion) : cela équilibre, évidemment, la relation.
C’est une manière très concrète de conscientiser la prise de place. Une fois cette étape passée, quelques exercices vous seront proposés pour exporter ces précieuses prises de conscience à votre vie, pour aménager votre territoire à votre image, dans le respect de l’autre ET de vous-même !
Aude Klein est coach assistée par les chiens et maître praticienne PNL dans la Région de Namur (Fernelmont) .
1, rue haute fontaine - Franc-Waret (commune de Fernelmont, juste à côté de Namur)
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