Dans notre société où la communication se digitalise, tout va de plus en plus vite. Les articles les plus populaires ne doivent pas dépasser un certain nombre de lignes, sinon on ne les achève pas ; on ne prend plus le temps de vérifier les infos qu’ils contiennent (ni même leur forme) et ceux qui s’agrémentent de vidéos seront bien plus consultés.
On peut tout commenter, n’importe quand, n’importe où, sans avoir vraiment pris le temps de réfléchir (encore moins aux conséquences désastreuses que cela pourrait amener). Tout le monde peut s’exprimer. « Les jeunes lisent de moins en moins » est l’une des plaintes que je croise le plus souvent, et ce, depuis un certain temps… On s’en inquiète ou l’on banalise ; sous prétexte que c’est l’ère du temps. Oui, mais pas seulement. Nous avons, vous avez notre/votre part de responsabilité là-dedans. Surtout, si vous êtes un(e) lecteur/trice !
C’est à vous que je m’adresse aujourd’hui, à vous qui aimez lire et voudriez partager cela avec vos proches en les guidant. Votre générosité, votre enthousiasme n’est sans doute pas toujours perçu de cette manière. Laissez-moi vous expliquer pourquoi ! Et vous, qui n’aimez pas (encore) lire, je vous adresse également ces quelques lignes pour vous témoigner toute mon empathie, ma compréhension et ma tolérance. Cet article est pour vous également !
Il n’y a pas de bons lecteurs. Pas plus que de mauvais. C’est le regard qu’on porte à un lecteur qui l’encourage ou le rebute. Bien plus encore, c’est le regard qu’il se porte à lui-même qui influencera ses actes, et là-dessus, vous avez une responsabilité en tant que parent, grand parent, prof, ami, enfant, collègue, …
Non, un enfant qui voit ses parents lire ne lira pas forcément une fois adulte. Par esprit de contradiction, par besoin de détachement ou de rébellion, ou même sans y penser, les enfants de lecteurs pourraient ne jamais aimer lire eux-mêmes, quand bien même on leur aurait lu moult histoires de tout genre étant petit ou qu’on aurait lu en leur compagnie (en espérant un mimétisme). Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas le faire, mais surtout qu’il faut le faire pour le plaisir du partage, et non pas en attente de résultats (comme beaucoup d’autres actes éducatifs, d’ailleurs).
Cessez de culpabiliser les « non-lecteurs » ou les « mauvais lecteurs » (y compris vous-même, si vous avez pris l’habitude de vous dénigrer). Les avis du type « ce n’est pas de ton âge », « … à l’eau de rose », « … de bas étage », « vulgaire », « commercial » ne feront qu’éloigner du processus, plutôt que du type de lecture ! Ce n’est qu’un point de vue, comme tout le reste. Pour comprendre comment fonctionne un appareil, pour réussir un repas, pour apprendre de nouvelles choses, tout le monde est amené tôt ou tard à lire. Mais, sans lire, on peut quand même réussir à faire fonctionner ledit appareil ; cuisiner ou découvrir. Le timing ne sera peut-être pas le même, mais qu’importe ? A chacun son rythme et ses objectifs !
Certains se refusent ce que d’autres appellent la « lecture plaisir » ; car elle n’a aucun intérêt pour eux. A qui la faute ? Comment peut-on décréter qu’il n’est pas intéressant de lire, si ce n’est pour apprendre quelque chose ? Comment peut-on décréter que tel livre n’est pas un « vrai livre » ?
Je n’ai, pour ma part, jamais rencontré de roman qui ne m’ait rien appris. Mais ça, je l’ai compris, plus tard, bien plus tard que lorsqu’on me poussait à lire. Après que la lecture ait été un fardeau, un gage de bonne volonté, de culture, un devoir, un dégoût, un effroi parfois ! Petit à petit, les décors, les formulations de phrase, les jeux de mots, les personnalités de personnages curieusement différents de moi, leurs métiers à rêver, leurs histoires et leur vie qui font trembler, vibrer, s’identifier ou se démarquer, … m’ont captivée, et je me considère chanceuse d’avoir sû goûter cela. Beaucoup de lecteurs en herbe auront été irrémédiablement dégoûtés avant.
Tout ce que l’on apprend en lisant n’est pas toujours utile au premier regard, mais chaque livre nous offre un voyage unique, que nous permettons en tant que lecteur.
Tous les auteurs devraient remercier leurs lecteurs (d’ailleurs, la plupart le font) car c’est à travers eux que leur roman vit. Tous les enseignants, les parents, les adultes devraient remercier les plus jeunes de donner vie à ce qu’ils lisent, au lieu de s’inquiéter du nombre de pages, d’images, de vocabulaire, …
Cessez donc de vous inquiéter si vous pensez que la lecture de vos proches est trop légère, superficielle ou inintéressante. Cessez de fustigez les tablettes, smartphones, et autres supports détruisant la découverte de la « vraie lecture », vous ne ferez que conforter vos interlocuteurs dans l’idée que la lecture est pour une élite. La lecture est un droit, pas un devoir. Elle est un choix. Le choix de s’offrir un répit. Le choix d’être plutôt que de faire. Une vraie leçon de vie !
Mais pour faire ce choix, il faut croire en soi. Il faut se laisser séduire par une couverture. Il faut se sentir appelé par quelques lignes, une texture voire une odeur particulière. Des couleurs, des mots qui ressortent, un titre original, une idée bien résumée, … Il ne faut pas avoir peur d’être déçu, car ça fait partie du livre. On peut s’accrocher, on peut abandonner, on peut remplacer. N’hésitez pas à (re)découvrir les droits du lecteurs de D. Pennac, dans Comme un roman, c’est très éclairant. Ce n’est pas grave de ne pas aimer un livre, de ne pas le lire jusqu’au bout. Plus vous connaîtrez vos goûts, moins cela arrivera. Aidez donc vos proches à mieux se connaître, dans l’ouverture et la bienveillance la plus élémentaire, comme vous auriez aimé, peut-être, être guidé vous aussi ; le reste se fera naturellement.
Mais pour cela, et avant tout, cessez de vous juger de vos lectures. Offrez-vous la possibilité de vous surprendre, d’apprendre de vous-même à travers des héros de tous les jours, devenez votre propre héros, à travers les pages de votre vie. Notez les phrases qui vous ont fait vibrer, qui vous ont coloré le monde différemment, qui ont fait de votre journée, un jour important.
Ne rentrez pas dans le jeu de ces cercles de lecteurs élitistes qui ne tolèrent que ceux qui ont lu les livres qu’il faut avoir lu pour être un bon lecteur. C’est totalement subjectif. La lecture est un moyen d’ouvrir l’esprit, pas le contraire ! C’est dommage que tant que personnes qui se targuent d’être des « vrais » ou des « bons » lecteurs l’oublient. La lecture est un cadeau, un partage, une fenêtre ouverte sur soi et sur le monde, et amenée de cette façon, un accueil de toutes les âmes qui se sentent suffisamment intéressantes pour se l’offrir !
Offrez du temps et de la bienveillance à tous ceux qui ne la perçoivent pas comme cela, et profitez de ce plaisir unique, comme un cadeau pour vous-même. Bonne lecture à tous.
Aude Klein Enseignante, comportementaliste canin, zoothérapeute et coach. |
Aude Klein est coach assistée par les chiens et maître praticienne PNL dans la Région de Namur (Fernelmont) .
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