Cette expression désigne l’état d’une personne face à deux situations qui peuvent s’additionner : d’une part une quantité de choix dépassant le besoin et d’autre part une forme d’habitude liée à cet accès presque illimité. A force d’avoir tellement de possibilités, on en vient à se lasser d’emblée et à trouver cela normal !
C’est ce qui arrive à des vacanciers devant le buffet de leur hôtel. Ayant choisi la formule « all inclusive », ils ont droit de goûter à tout, de se resservir encore et encore, à « volonté ». La première fois qu’ils croisent le buffet, ces vacanciers sont sous le charme devant la variété proposée : comment choisir ? Tout a l’air délicieux ! Les stratégies varient de l’un à l’autre : suivre la masse en prenant ce qui a le plus de succès, se rassurer avec ce qu’ils connaissent, se challenger avec de l’exotique, … Voire tout à la fois !
Les assiettes se remplissent, ils mangent beaucoup plus que nécessaire, laissant ce qu’ils n’aiment pas s’amasser dans les poubelles qu’ils ne doivent même pas vider eux-mêmes ! L’expression « à volonté » n’est plus tout à fait représentative de la situation dans de telles circonstances. Quelques jours plus tard, ils ont l’impression de manger tous les jours la même chose et commencent à se désintéresser du buffet pour aller peut-être – alors que cela représenterait des frais supplémentaires – manger à la carte au restaurant en face !
Il est un parallèle intéressant à constater face à notre comportement sociétal en général. Si notre surconsommation n’est plus à démontrer, rien que dans le choix impressionnant des rayons de supermarchés – il s’exporte également dans nos fonctionnements – des fêtes dont on a oublié le sens mais que l’on agrémente de cadeaux en surnombre aux malles de jouets, même pour les chiens ! La démesure est-elle vraiment porteuse du message qu’on tente de faire passer ? Combien de temps gâchons-nous à ne pas nous dire l’essentiel ? Le vrai, le beau, le nourrissant ? Quand est-ce que nous prenons soin de développer la qualité plutôt que la quantité, dans nos relations ? Combien d’énergie dépensons-nous à tourner en rond par peur d’aller là où cela « vibre » pour nous ? Quel prix, en plus de celui de braver la peur du regard de l’autre, sommes-nous prêts à payer pour choisir ce qui vraiment nous anime ? Ce même regard que nous portons à ces mêmes autres, en nous comparant, sans cesse, en voulant ce qu’ils ont (ou l’inverse), en empruntant leur chemin alors que le notre nous attend pourtant ?
Ce phénomène s’observe en famille, mais également dans des cercles plus larges. Combien d’enfants et d’adolescents se retrouvent face au « buffet » proposé par leurs parents ? Des parents qui voudraient que leur enfant ne perdent pas le temps qu’ils ont perdu ? Ne souffrent pas ce qu’ils ont souffert ? Voudraient leur éviter les écueils de l’échec, le trouble, les aléas de la vie ? Souvent, ces vœux se multiplient entre eux. Face au coach ou au thérapeute arrive un jeune qui ne sait que faire de sa vie face à une multitude de choix (et tout autant d’incertitudes) et ses parents qui s’épuisent à lui proposer de l’aide (voire à l’aider malgré lui, sans qu’il ne demande quoi que ce soit, et encore moins qu’il ne remercie). C’est cela, l’effet « buffet ».
On le retrouve également dans cette injonction du bonheur, très à la mode en ce moment. Chaque individu a devant lui une multitude de possibilités pour le conduire au « bonheur ». Chacun y va de son conseil : l’entourage est toujours friand de partage par rapport à ce qui a « marché » pour lui ! Si cet individu consulte les réseaux sociaux, c’est encore plus parlant, car l’étendue des photos et textes de joie, d’originalité, de positivisme et toujours autant de conseils (citations et sagesses extraites de leur contexte et largement illustrées) lui prouveront à quel point ce fameux « bonheur » est à portée de main. Au point qu’il confirmera, malgré lui, son incapacité personnelle à le toucher.
Nous vivons l’effet « buffet » lorsqu’on est très ou trop gâté par la vie et que c’est devenu normal. Ça ne veut pas dire que tout le monde devrait souffrir de la faim ou du froid, qu’ils soient physiques et/ou émotionnels pour mieux se rendre compte de la chance qu’il a d’être en vie, mais s’éloigner à tout prix de la tristesse, du manque, de la fragilité ne nous renforce pas, au contraire. Vouloir protéger à tout prix l’Autre revient à lui envoyer le message qu’il n’a pas les ressources pour affronter. Alors que c’est faux, vous le savez, nous le savons, au fond de nous. Nous avons les ressources et il/elle les a aussi. Le tout demande parfois un petit désherbage ou une réorganisation. Dans la plupart des cas, tout est là, n’attendant qu’un objectif clair à définir pour le faire fleurir. Et si tout n’était pas là, il ne serait bien sûr pas impossible de le créer, pas à pas, en fonction des possibilités de chacun et de son rythme !
Pour construire un objectif, on interrogera la question du manque, du besoin qui n’est pas satisfait et on le différenciera de l’envie, qui n’est pas du tout la même chose, et que souvent, l’on confond. C’est un point de départ intéressant pour ne pas succomber aux inconvénients du « buffet » : sélectionner les priorités, guider le flux de l’énergie vers un projet porteur, réapprendre à apprécier ce que l’on a, mais aussi à rêver et se donner les moyens de s’aligner à qui l’on est … Tout cela offre une connaissance plus fine de soi et de l’autre et affirme la place de chacun !
Aude Klein est coach assistée par les chiens et maître praticienne PNL dans la Région de Namur (Fernelmont) .
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