Être victime d’une morsure de chien peut laisser des traces psychologiques. Il est primordial d’agir pour soigner cela, au même titre qu’on le fera naturellement pour les blessures physiques engendrées.
Il y a plusieurs paramètres dont il est important de tenir compte :
Les différents types de morsures : le chien peut effleurer, pincer, du bout des dents, mais peut également piquer avec les crocs, voire ouvrir et maintenir la gueule ouverte, sans pression ou au contraire la fermer sur sa prise et tirer (ou la victime, en tentant de s’échapper peut avoir le réflexe de tirer, qui aura le même résultat) ce qui fait des dégâts plus importants et tout cela sera vécu différemment d’une personne à l’autre.
L’intention derrière la morsure : le fait que le chien attaque par peur, par irritation, qu’il cherche à défendre son territoire, à prendre une place plus haute dans la hiérarchie, qu’il est en train de jouer, qu’il monte trop haut dans l’excitation, ou tout autre raison n’aura pas le même impact sur l’interprétation de la morsure.
Le contexte de la morsure : le fait qu’elle ait lieu en hiver ou en été sera vécu différemment (la peau sous de multiples couches de vêtements sera plus protégée que lorsqu’elle est nue, sous le soleil), qu’il y ait du monde autour ou pas, qu’on réprimande le chien ou qu’on l’excuse d’emblée, que le chien soit connu par la personne, que cela se passe dans le cadre familial, que ce soit la première fois ou qu’il y ait eu d’autres antécédents, avec ce chien ou un autre, qu’il y ait grognement, clappement dans le vide ou autre signe avant coureur, … tout cela influencera la manière de vivre cette morsure.
Il est judicieux de noter que, quelle que soit le type de morsure, sa gravité, l’intention derrière et le contexte autour, elle peut avoir un impact psychologique ! Certaines personnes garderont plus de traces du contexte que du fait en lui-même. D’autres auront de sérieuses blessures mais passeront à autre chose, très vite, alors que d’autres encore n’auront pas vraiment de dégâts physiques mais leur confiance en eux se trouvera brisée. Et bien d’autres scénarios moins caricaturaux sont également possibles ! Bref, tout le monde ne vivra pas cette morsure de la même manière et il est primordial de respecter le rythme de la victime.
Cependant, le temps ne suffit pas toujours pour retrouver un confort de vie. En effet, les chiens sont partout. Même si la victime n’a pas de chien, ses voisins, ses amis, sa famille, ses collègues en possèdent très certainement et ne comprendront pas forcément qu’elle ne souhaite pas être en contact avec eux. Elle ne se promène plus sereinement en ville, dans les parcs publics, sur les chemins de campagne, en foret, … car souvent, les propriétaires de chiens en profitent pour les lâcher, sans forcément pouvoir les rappeler quand c’est nécessaire. Même problème pour les marchés, les brocantes, les marches organisées ou tout autre rencontre extérieure où là aussi, les chiens sont souvent bien présents. Peu à peu, la personne qui a été victime d’une morsure risque de se couper du monde pour ne plus avoir à côtoyer les chiens, sentir sa peur l’envahir et l’empêcher d’agir « normalement ».
En effet, lorsqu’une personne fragilisée par une mauvaise rencontre, se retrouve face à un chien - parfois même un chien calme, mais pas seulement, en fonction du degré d’avancement de la peur s’il est un peu nerveux, manquant d’équilibre ou représentant un danger (réel ou pas) - le taux de peur peut grimper si haut que la personne (quel que soit son âge) se retrouve dans l’impossibilité d’agir avec raison. Elle pourrait adopter un comportement dangereux pour elle-même ou pour les autres : courir, hurler, se pétrifier, traverser brusquement la route, provoquer un accident, … Il arrive fréquemment que cette personne ait l’impression de voir des chiens partout (elle les verra d’ailleurs bien avant les autres, pour qui ils font un peu partie du décor), d’attirer tous les chiens, de les provoquer même ! Elle dira qu’ils sentent sa peur, que ça les rend nerveux, …
Une autre difficulté reste le regard des gens ! Peu de victimes sentent la bienveillance de leur entourage, face à leur peur. Beaucoup ne comprennent pas, pensent qu’elles exagèrent, qu’il n’y a pas de raison d’avoir peur. Combien pensent qu’il est injuste de mettre un chien de côté pour respecter les besoins d’une personne ? Combien de maîtres – bien intentionnés, mais mal informés malheureusement – s’approcheront avec leur chien de la personne qui leur avoue avoir peur pour lui montrer comme leur ami « est gentil » et qu’il ne faut pas s’effrayer ! Cela ne fait malheureusement qu’amplifier le phénomène, car pour traiter la peur, il faut avant tout l’accepter !
S’impose dès lors un travail de désensibilisation systématique de la peur. Ce travail se fait progressivement, par un professionnel, spécialisé dans le soin des traumatismes (psychothérapie, thérapies comportementales, TNCC, ANC, PNL, hypnose, …) et dans la connaissance de l’animal (il faut qu’il soit formé, pas simplement qu’il ait un chien ou aime les chiens) : c’est important qu’il soit formé dans les deux domaines pour être vraiment efficace.
Ce dernier commencera par dresser un portrait de la peur de la personne, par des questions ciblées permettant de comprendre comment elle a peur (tout le monde n’a pas peur de la même façon), depuis quand, pourquoi, avec quel type de chien, dans quelles circonstances, … avec un objectif clair de travail (pouvoir retrouver la sérénité, promener en forêt, revoir des amis, ...)
Une fois cette étape passée, il présentera un chien à la personne, idéalement à l’extérieur, quand la personne sera en sécurité à l’intérieur, avec une vue directe, à distance. Le chien, parfaitement éduqué, tenu en laisse par un autre professionnel, lui aussi qualifié, avancera progressivement, selon ce qui est bon pour la personne. Pour savoir si c’est opportun, le professionnel demandera régulièrement à la personne où elle se situe sur l’échelle de la peur (0 = peur minimale, 10 = peur maximale).
Peu à peu, il donnera des outils permettant :
Par ailleurs, cet apprentissage, s’il était préventivement amené dans la société (dans les écoles, les entreprises, les foyers de manière générale) permettrait d’éviter bien des désagréments, à tout point de vue : un meilleur respect de l’humain, de l’animal, une meilleure compréhension mutuelle et donc bien moins de dérapages. Mais cela est un autre débat !
La personne sera donc amenée à rencontrer, à son rythme, différents chiens : différents au niveau de la taille, de la couleur, de la morphologie mais aussi au niveau du tempérament et du degré d’énergie.
Il sera également important, lorsque le traitement sera suffisamment avancé, que la personne rencontre des chiens ressemblant à celui qui l’a mordue et/ou ayant mauvaise réputation (dont on évalue les dégâts qu’ils pourraient causer à la taille de leur mâchoire ou la force de leurs muscles). On les appelle communément les délits de « sale gueule » : ces chiens dont se méfient même ceux qui n’ont pas peur ! En effet, il sera important d’apprendre à distinguer le chien « ok », ne représentant pas de menace directe du chien « pas ok », manquant d’homéostasie, ou trop fragile émotionnellement, avant de s’arrêter à son physique, qui est moins révélateur !
Tous ces chiens seront évidemment équilibrés et parfaitement éduqués. C’est important que la sécurité soit assurée pour apprendre à (re)prendre sa place face aux chiens en général.
Petit à petit, la personne acceptera qu’elle a été victime, et qu’elle peut ne plus l’être, en s’en donnant les moyens, c’est-à-dire, en prenant une part active dans son traitement mais également dans sa vie en général, car souvent, l’implication dans ce travail offre des résultats bien au-delà du contexte du chien ! L’empiétement de son territoire physique, émotionnel, … n’est plus toléré de la même manière et la personne se rapproche d’elle-même, s’ancre plus, s’ouvre plus, se permet plus : elle crée sa juste place.
En résumé, traiter sa peur des chiens suite à une morsure (ou pas, d’ailleurs) est une preuve de courage indéniable. C’est également un cadeau que se fait la personne à elle-même : une occasion de découvrir ses ressources et de se (re)connecter à un sentiment de sécurité. En d’autres termes : une réelle liberté que retrouve alors la personne qui a été mordue, lui permettant d’écouter ses besoins, de les exprimer, de les faire respecter, bref, de (re)partir sur de bonnes bases pour enfin ... croquer la vie à pleines dents !
Aude Klein est coach assistée par les chiens et maître praticienne PNL dans la Région de Namur (Fernelmont) .
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