La gentillesse est définie par Wikipedia comme « un comportement destiné à prendre soin d’autrui, tenant en compte la sensibilité de chacun ». Cette attitude est donc avant tout tournée vers l’Autre. Si cette vertu est encouragée par notre société, et bien avant, par moult religions, il est intéressant de constater qu’elle devient un apprentissage, lorsqu’il s’agit de la tourner vers soi.
Un gentil est également, selon LeRobert, le « nom que les juifs et les premiers chrétiens donnaient aux personnes étrangères à leur religion », ayant pour synonyme « infidèle »
Il me semble intéressant que s’attarder quelque peu sur ces définitions car bon nombre de personnes souffrent de cette « gentillesse » au quotidien. Etre « gentil » avec les autres revient régulièrement à ne pas l’être envers soi-même. Certaines personnes n’écoutent pas leurs besoins pour satisfaire ceux des autres, d’autres vont jusqu’à ignorer qu’ils existent et sont importants pour leur propre équilibre. De là à prendre une posture de « sauveur » dans le triangle dramatique de Karpman, il n’y a qu’un pas. La vertu devient alors un vice. En effet, si l’altruisme et la générosité sont des qualités qu’il semble important de cultiver, poussées à leur paroxysme, elles en deviennent des pièges qui enlèvent des libertés tant à celui ou celle qui donne qu’à celui ou celle qui reçoit.
Combien de personnes cachent la vérité sous peine de blesser l’autre ?
Combien de personnes ont peur de leur propre colère car ils l’associent à de l’agressivité ou de la méchanceté ? Combien de personnes tardent à prendre leur place (et leur autonomie) dans un environnement si maternant qu’il peut en devenir étouffant ? Combien de personnes s’interdisent de penser à elle sous peine de s’auto-juger égoïste ou égocentrique ? Combien de personnes, sous couvert de prôner l’amour et le respect, s’insurgent contre ce qu’elles considèrent violent ou inadapté, oubliant qu’avec leurs mots ou leurs attitudes elles usent de cette même agressivité qu’elles exècrent ?
Notre regard sur la gentillesse est multiple :
• Elle est encensée par certains, vue comme une grande qualité, au détriment d’autres, qui pourtant, lui permettraient un équilibre plus stable. C’était mon propos plus haut, si être gentil revient à s’oublier, se faire passer en dernier ou se laisser écraser, cela est-il vraiment une qualité ? Et l’inverse un défaut ? Une fois encore, c’est dans la réaction adéquate pour tous les protagonistes d’une situation qu’on trouvera ce fameux équilibre, nécessaire à chacun.
• Elle est minimisée par d’autres, réduite à de la bêtise ou un manque d’assertivité. Souvent, dire de quelqu’un qu’il est « gentil », en appuyant sur le terme, est vu comme trop ceci ou pas assez cela. Dans tous les cas, ce qui était une qualité à la base est plutôt décrit ici comme un manque, et c’est dommage, car la gentillesse, la vraie, est une force puissante.
• Par d’autres encore, elle est une couverture pour se dédouaner d’un message à faire passer, pour le coup, bien plus fort et pas toujours adapté. J’évoque ici des pensées acerbes maquillées en mots et regards d’apparence doux, mais d’une violence bien plus forte pour celui ou celle qui les reçoit qu’une colère assumée et responsable. D’autant plus que le récepteur n’a pas d’autres moyens que d’utiliser le même stratagème pour s’en défendre que celui qui l’a attaqué, sous peine d’être taxé de n’avoir pas d’humour ou de ne pas maîtriser ses émotions !
Quoi qu’il en soit, il apparaît urgent de redéfinir la gentillesse et l’usage qu’on veut en faire pour ne plus agir en esclave (ou en bourreau) de celle-ci. Finalement, si on y réfléchit vraiment, donner son temps, son énergie, son argent pour se dédouaner, pour faire sa « bonne action » de la journée ou de l’année, est-ce vraiment de la gentillesse ? Tant de mécanismes sont en œuvre autour de cela qu’il me semble nécessaire de prendre de la distance et de s’interroger sur l’intention véritable de la gentillesse. De là, une analyse claire de ce que cette attitude permet (ou pas) rendra la gentillesse (ou le choix assumé de son « absence ») plus honnête et, de tout évidence, bien plus intense et saine pour tout le monde.
Aude Klein est coach assistée par les chiens et maître praticienne PNL dans la Région de Namur (Fernelmont) .
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