La médiation animale, c’est-à-dire la mise en contact d’un humain (en demande) avec un animal (éduqué pour cela), par l’intermédiaire d’un intervenant (formé) dans un but thérapeutique, ludique, pédagogique, … se vit par rapport à différents aspects, dont notamment, le travail concret sur une difficulté énoncée.
Cependant, un autre aspect, moins pragmatique mais tout aussi riche est de l’ordre de la modélisation, contribuant largement à l’atteinte d’un objectif fixé.
Pour qu’un mouvement se mette en place, il est nécessaire que les pensées, les croyances, les représentations de la réalité le précèdent. Et, si chaque animal a ses atouts personnels, ils se rejoignent tous pour une qualité commune : cette source d’inspiration qu’ils peuvent représenter !
En effet, le conditionnement classique (reprenant, entre autres, les expériences établissant un lien entre la cloche, la récompense alimentaire et la salivation menées par Pavlov) et le conditionnement opérant (la mise en évidence de l’impact de l’environnement sur la répétition ou non d’un comportement éclairé par Skinner) sont assez connus, le conditionnement vicariant, tout aussi instructif et révélateur, l’est pourtant moins.
Albert Bandura et ses pairs ont mis en lumière le pouvoir de l’observation, dans un mécanisme plus passif mais tout aussi important que les autres types de conditionnement. Observer un être vivant expérimentant du positif nous poussera plus volontiers à essayer ; l’inverse se vérifie également dans la mesure où, par une forme d’empathie naturelle, on n’osera moins tester ce qui semble profondément désagréable à celui qui le vit devant nous.
Ce phénomène de mimétisme est bien plus présent qu’on ne l’imagine, notamment dans l’éducation. L’une des premières phases d’apprentissage revient à imiter l’autre, avant de s’approprier le « savoir » et l’incarner personnellement : c’est une étape fondamentale. Dans un processus de coaching, il a une place non négligeable. En effet, bien des objectifs vont demander un travail de validation, une recherche d’autorisations intérieures que différents mécanismes, conditionnements, expériences et apprentissages auront bloqués. Le fait d’observer un autre être vivant se permettre ce que l’on s’interdit peut participer à la réflexion autour de cet interdit. L’intervenant peut déjà ouvrir ce champ des possibles en étant lui-même un exemple de cela, mais l’animal a une place privilégiée, de par le regard positif et confiant que posera sur lui le coaché.
Il n’est pas rare que je propose à une personne qui n’arrive pas à être sa priorité, qui ne voit pas comment y parvenir au quotidien, d’observer son chat. Même conseil dans le cadre d’une personne ayant du mal à conjuguer sérieux et folie. Cet animal est particulièrement indiqué pour servir d’exemple afin de passer de l’un à l’autre sans le moindre complexe ! Lorsqu’un chat cherche un contact avec vous, il se manifeste clairement ! Lorsqu’il apprécie ce contact, d’autant plus : par ses ronronnements, sa salivation, ses yeux qui se ferment, la détente de son corps, la direction de ses mouvements vers votre main, … Sa communication est explicite : et ses besoins/envies sont comblés. Cela paraît si simple : et cela l’est plus qu’on ne l’imagine, car le chat n’a aucune difficulté à s’octroyer des autorisations !
Lorsqu’une personne voudrait se lancer dans un nouveau projet, qu’elle a les compétences mais manque d’expérience : je lui propose de voir une chienne avec sa première portée de chiots : il y a quelque chose de magique dans l’installation de ses nouvelles compétences, pourtant difficilement entraînables en amont… Très vite, la chienne comprend ce qu’elle a à faire : comment couper le cordon avec ses dents, lécher les petits, les rassembler, … Eux aussi, par ailleurs, repèrent très vite où se situent la mamelle et comment s’y nourrir.
Ces compétences se développent avec l’expérience évidemment, mais l’élément déclencheur, c’est OSER ! Une chienne ne se demande pas si elle sera une mauvaise mère, les petits ne sous-estiment par leur talent à téter : ils agissent, simplement. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas se poser de question ni réfléchir, seulement que parfois, on pousse ce mécanisme si loin qu’on s’empêche d’agir, et c’est dommage ! Dans le même ordre d’idée : qui n’a jamais observé un oiseau se poser sur sa branche ? Il n’a pas confiance en la branche, mais en ses ailes, naturellement !
Un troupeau de chevaux est très instructif pour observer comment chacun a et prend sa place, agit avec les autres, … Certains sont en retrait, d’autres très proches les un des autres. Ils savent s’amuser ensemble comme ils peuvent s’ignorer, se disputer comme se réconcilier ! Ils fonctionnent comme un tout, de par leur instinct grégaire. Un tout où chacun compte. Mais, comme chez les humains, certains membres sont dans le trop et d’autres dans le trop peu, et cela peut compliquer les relations. Quand un nouvel arrivant intègre le groupe, il est jaugé, testé, et, après quelques recadrages, intégré. La place de chacun est claire et se manifeste à travers des actes assumés ou non, toujours comme les humains. Comme par exemple une jument trop timide qui reste dans un coin et n’ose pas aller boire, plie l’échine et offre la possibilité au dominant d’en profiter, ... Trop de certitudes nuira à la relation, mais l’inverse également : c’est l’équilibre dans le contact qui rendra la communication du troupeau plus fluide.
Avez-vous déjà pris le temps d’admirer des lapins fonctionner entre eux ? Si, dans l’inconscient collectif, on associe cet animal à la douceur et la fragilité, à l’observation, c’est quelque peu différent ! Les mâles se battent avec ferveur, se jetant en l’air, se bousculant sans ménagement, s’impressionnant l’un l’autre, dans une parade qui n’a rien de délicat. S’il vous mord ou vous griffe, il peut vous laisser des cicatrices bien plus profondes que l’on imaginerait : il a de puissantes ressources pour se défendre et pour s’enfuir, le cas échéant. Bien sûr, il a de nombreux prédateurs, mais j’aime à penser qu’il en est également un, si on se place du point de vue de la carotte ! Parce que l’identification, c’est aussi une question de point de vue, vous l’aurez compris !
Même idée pour certains rapaces, que l’on trouve majestueux de loin, mais lorsqu’on les observe de près, ont un comportement bien proche de « simples » poules, avec qui l’on est moins généreux en compliments, bien souvent ! Les vautours, par exemple, sont assez maladroits, une fois posé au sol, et leur atterrissage est bien souvent hasardeux ! Pourtant, de loin, ce n’est pas ce que l’on s’imagine ! Apprentissage utile pour ceux qui restent enfermés dans des étiquettes inadaptées à leurs rêves…
Le monde animal regorge d’exemples et de contre-exemples à nos propres réalités. Si La Fontaine s’en servait pour décrire les hommes, ce n’était pas pour rien ! Il avait à sa disposition une source inépuisable d’exemples pouvant nous aider à percevoir la réalité sous un autre angle. Il n’y a pas une réalité mais une infinité de manières de la percevoir. Cela en fait toute sa richesse et décuple les possibilités de l’appréhender.
L’action commence par un alignement de perceptions : si au plus profond de soi, on pense, vit, et perçoit le monde et nous-même comme « ok », on se donnera les moyens d’y exister plus à son image et selon ses valeurs. Et ce travail, comme bien d’autres, est également possible, par l’intermédiaire d’un animal de médiation, offrant une confrontation bienveillante, une mise en mouvement par cette impulsion au changement qu’il permet !
Aude Klein est coach assistée par les chiens et maître praticienne PNL dans la Région de Namur (Fernelmont) .
1, rue haute fontaine - Franc-Waret (commune de Fernelmont, juste à côté de Namur)
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