Chronique

Les effets traumatiques de l’abus narcissique

Par Prabhã Calderón


Les effets traumatiques de l'abus narcissique

La notion d’abus narcissique désigne l’ensemble des comportements redondants, coercitifs, pernicieux, nuisibles et envahissants que les narcissiques imposent inconsciemment, ou intentionnellement, à leurs victimes. Ce type d’abus se distingue des autres formes d’abus, par la variété des jeux de pouvoir déployés. Ce sont des stratégies de contrôle, de manipulation et de domination qu’ils utilisent subrepticement ou ostensiblement dans divers domaines de la vie.

Par ces stratégies, ils hypnotisent leurs victimes. Chez les enfants, cette hypnose engendre l’interruption de leur évolution vers leur autonomie et une souffrance chronique. Chez les adultes, elle génère une perte de l’autonomie, de l’autorégulation émotionnelle, de la confiance en soi, de l’estime de soi et de bien-être personnel.

Voici quelques stratégies hypnotiques utilisées par les narcissiques :
Le « gaslighting » est leur principale stratégie. Ce mot anglais provient du film du réalisateur Hongro-Américain George Cukor. Ce film est sorti en 1944, avec les acteurs Ingrid Bergman et Patrick Hamilton. Il s’agit d’une manipulation très sophistiquée, par laquelle un manipulateur pervers s’introduit intentionnellement dans l’esprit d’un enfant ou d’un adulte pour exercer son pouvoir sur lui. La réalité de cet être humain est modifiée par l’abus de ce psychopathe narcissique qui prend du plaisir à hypnotiser et à dominer sa victime, pour se sentir tout-puissant.
Heureusement, la plupart des narcissiques ne sont pas des psychopathes, mais comme leurs actions sont motivées par le besoin inconscient de réparer leur blessure narcissique, ils ont une orientation vers un objectif malsain : ils veulent détruire le parent qui les a blessés en utilisant une victime sur laquelle ils transfèrent ce parent.
Au départ d’une relation, ils s’introduisent dans l’esprit de l’autre en utilisant la séduction, des informations trompeuses, ainsi que le bombardement amoureux. Ce qui cache bien leurs intentions inconscientes. Plus tard, le « gaslighting » se transforme en instrumentalisation abusive. Ils font croire à leur victime qu’ils l’aiment, mais en fait ils font d’elle un objet à leur service pour en soutirer leur approvisionnement narcissique et pour réaliser leur fantasme partagé vindicatif.
Pour réaliser ce fantasme, ils se servent d’une stratégie globale de diversion, en utilisant le détournement cognitif. C’est-à-dire qu’ils utilisent les connaissances partielles qu’ils ont de leur victime et les informations confidentielles qu’elle a partagées dans l’intimité, pour en faire une omission sélective. Ils déforment alors les informations sectionnées, les présentent sous un angle différent au détriment de leur victime. Si cette personne ne remarque pas immédiatement que sa vie privée et ses confidences sont utilisées contre elle, c’est qu’elle entre dans un état de confusion. Elle doute d’elle-même, de sa perception des choses et même de sa santé mentale.
Une autre stratégie narcissique est le renforcement intermittent. Il s’agit de l’alternance des gestes affectueux et des agressions, des récompenses et des punitions infligées par eux dans un savant dosage, qui laissent leur victime figée dans l’espoir d’une évolution positive de la relation. À cela s’ajoute leur absence psychoaffective, qui s’avère très cruelle pour la victime, car elle n’est jamais vue, ni écoutée, ni appréciée. Si elle s’exprime à propos des comportements redondants du narcissique, il élude systématiquement le thème et refuse de communiquer. Si elle exprime sa souffrance, ses émotions et sa colère légitime pour les traitements dont elle est victime, elle est invalidée par son narcissique, qui vivant dans le déni, détourne ses protestations contre elle en utilisant le blâme et en devenant lui-même victime.
C’est ainsi que les narcissiques se donnent le droit d’ignorer, de négliger, de dévaloriser, de mépriser, de dénigrer et de traiter leur victime avec une violence brutale ou avec une violence passive dissimulée très sadique. Pour aggraver les choses, ils entraînent d’autres personnes dans leur fantasme partagé vindicatif, en se servant du détournement cognitif, de toute protestation faite par la victime, ainsi que des erreurs aléatoires qu’elle a faites. Souvent, toute une communauté est « recrutée » pour commettre cet abus. Ainsi, la famille du manipulateur, leurs amis et même la famille de la victime, forment un groupe soudé pour juger et punir la victime. La punition sera le blâme, le rejet, l’exclusion ou l’humiliation et le dénigrement par la violence verbale ou physique. Les narcissiques se sentent ainsi supérieurs, tout-puissants, omniscients et même très « élevés » éthiquement parlant.

La régression d’âge des victimes d’abus narcissique

De toute évidence, tout être humain peut ressentir une insécurité intense et peut régresser en âge sous l’emprise d’un narcissique qui agit de la sorte. L’ensemble des stratégies de pouvoir qu’il utilise déclenche des débordements émotionnels chez sa victime si elle est déjà fragilisée par ses traumatismes du passé. Lorsque ses émotions se présentent comme une avalanche, c’est que des souvenirs très douloureux font tomber des défenses psychiques qui cachent des décennies de souffrance.
Les narcissiques et les psychopathes sont particulièrement doués pour déclencher ces avalanches émotionnelles, parce qu’ils frustrent les attentes, les rêves, les espoirs et les valeurs les plus profonds de leur victime, en vomissant sur elle leur rage. En fait, ils veulent la rendre folle, car sa douleur est leur « guérison » et sa crucifixion est leur « résurrection ». Leur absence psychoaffective, leur inattention et leur indifférence, leur cruauté impitoyable, ou leur manque de contrôle de leurs impulsions, créent des chocs répétitifs et une désorientation permanente chez leur victime, ainsi qu’une agonie intolérable, le sentiment omniprésent d’être niée.
Sous l’emprise du lien traumatique créé par leur abuseur, les victimes se sentent piégées, désespérées et impuissantes comme un enfant sans défenses. Beaucoup d’entre elles développent le syndrome de Stockholm. Il s’agit de la propension à sympathiser avec leur ravisseur, au point de se suradapter complètement à son abus.
Dans l’espace psychotique créé par ces abuseurs, leur proie est immobilisée comme un animal au moment d’être attrapé. Elle est saisie par la peur, par l’anxiété ou par l’angoisse et elle devient un enfant incapable de poser ses limites ou de se battre pour ses droits. Paralysée par la peur, voire par la terreur, elle ne peut pas non plus prendre la fuite. Sa conscience est altérée et elle souffre d’une confusion si profonde qu’elle doute d’elle-même et elle perd sa capacité à agir de façon adulte et d’entrer en contact avec ses ressources.
Certains narcissiques donnent l’impression d’aimer leur victime parce qu’ils sont jaloux, mais en fait ils la possèdent en générant chez elle de la peur et de la crainte. En s’attachant à leur narcissique jaloux, les victimes régressent en âge et perdent rapidement leur estime personnelle et la confiance en elles-mêmes, au point de se sentir coupables de s’exprimer ou d’exister. C’est ainsi qu’elles deviennent l’otage d’un ravisseur qui les enferme dans son monde mental et dans son « château de pureté ». Il faut savoir que les narcissiques jaloux sont des narcissiques paranoïaques qui jouent le rôle du gourou. Ils exigent donc l’obéissance totale de leurs « ouailles », leur épouse, leur progéniture et des autres membres de la famille.
Le professeur israélien Sam Vaknin, auteur du livre « Malignant Self Love. Narcissism Revisited » affirme : « Lorsque les comportements du narcissique atteignent des proportions d’abus omniprésentes, il devient tout aussi omniprésent dans la psyché de la victime. La raison en est qu’à la manière d’une araignée, l’abuseur isole sa victime et l’éloigne de sa famille, de ses amis et de ses collègues et il l’intègre complètement à son fantasme partagé vindicatif. La victime est ainsi catapultée dans un monde souterrain, dans un lieu de « culte », où la réalité elle-même se transforme en cauchemar permanent. Dans ce vortex tourbillonnant, elle se sent impuissante, stupide, coupable et honteuse. »

Dans ces conditions, la victime est à tel point privée de son libre arbitre qu’elle ne réfléchit pas à la position de soumission qu’elle entretient par rapport à son agresseur, ni ne se rend compte du processus de destruction dans lequel elle est embarquée. Elle est privée de sa capacité de vérifier la réalité de ce qu’elle vit, donc privée de sa capacité de discerner le « vrai » du « faux ». Elle est tellement hypnotisée, qu’elle ne peut même pas ressentir son besoin légitime d’amour, de respect et d’attention. Plus tard, en survivant à cette pénible expérience, elle peut enfin installer ses limites psychoaffectives. Mais même alors, elle continue à porter l’abus narcissique sous de multiples formes, car elle est encore hypnotisée par la « voix » de son ravisseur et par son identité d’absence. En outre, elle a honte d’avoir été exploitée par son manipulateur et d’avoir abandonné sa famille et ses amis.

Les effets traumatiques postérieurs

L’abus narcissique produit des effets pernicieux pendant très longtemps parce que la victime fait une introjection de son abuseur. L’introjection est la fixation de la représentation qu’elle fait de son ravisseur. Elle intériorise son identité d’absence, son absence psychoaffective et émotionnelle, ses comportements redondants, ses abus sournois, sa violence passive ou manifeste, ainsi que l’invalidation de ses émotions, la négligence, le mépris et le dénigrement de sa personne et sa destruction. L’agresseur devient ainsi une « voix » puissante dans l’esprit de la victime, qui continuera à se maltraiter inconsciemment en l’écoutant comme si c’était la sienne.
Les enregistrements hypnotiques que la victime fait de son agresseur, en plus des croyances dévalorisantes et hypnotiques ancrées tout au long de cette expérience douloureuse, se répètent incessamment dans son esprit pendant longtemps. Un auto-harcèlement psychologique s’installe. Elle continue ainsi à vivre dans la distorsion de la réalité. De surcroît, elle se prend pour « soi », c’est-à-dire pour la fausse identité qui se développe dans le contexte de l’abus narcissique. C’est pourquoi elle évite la honte et la culpabilité « d’être » une victime, en niant l’abus ou en le minimisant.
Le psychiatre américain Judith Hermann de l’Université de Harvard, explique que les périodes prolongées de traumatisme émotionnel, produisent des chocs répétitifs, même s’ils sont mineurs. Après avoir quitté leur abuseur, les victimes présentent un complexe tableau clinique de stress post-traumatique, qui peut inclure la désorientation, la confusion, la dépression, des symptômes psychosomatiques, la dissociation, l’anxiété chronique, les émotions de culpabilité et de honte toxique, le sentiment d’abandon, la fragilité psychologique, l’hypervigilance, les crises de panique, l’insomnie, les « flashbacks » ou mémoires intrusives, les idéations suicidaires, l’agressivité, la méfiance, l’appréhension et même la dépersonnalisation, la déréalisation ou l’amnésie. Beaucoup d’entre elles développent des systèmes de défense similaires à ceux du narcissique.

Les docteurs Canadiens Karen M. Abrams et Gail Erlick Robinson ont remarqué que les victimes de harcèlement, vivent initialement dans le déni. Comme elles ont perdu leur capacité d’autorégulation émotionnelle et leur support psychosocial, beaucoup vivent dans l’isolement. Quand le stress post-traumatique commence à faire surface, elles remarquent qu’elles sont incapables d’entrer en contact avec leur dignité, leur auto-estime et leur valeur personnelle. Elles se sentent honteuses car elles sont incapables d’intégrer la complexité de leur expérience et d’en parler.
L’abus narcissique produit exactement les mêmes effets que le harcèlement. En outre, nombreuses victimes d’abus narcissique subissent des pertes économiques supplémentaires. De nombreux cas montrent que leur situation matérielle devient précaire. Dans mon livre « L’enfer narcissique, sortez de cette folie hypnotique », Éditions Sydney Laurent, je donne les exemples suivants : un narcissique fait travailler sa victime pour lui, sans la rémunérer et quand elle quitte la « relation » elle peut se trouver désorientée dans une impasse. Un autre narcissique a emprunté de l’argent à sa victime sans jamais la rembourser. Si elle et son narcissique étaient associés, ce dernier laissait le travail le plus dur à sa victime, tandis qu’il exigeait beaucoup d’argent pour le peu qu’il faisait. Si lui et la victime étaient mariés, il l’a persuadée de faire de lui un copropriétaire de sa maison. Ou bien, il a réussi à se faire inclure dans son testament ou s’est arrangé pour qu’elle lui verse beaucoup d’argent après le divorce. S’ils avaient un contrat de biens séparés, elle était sa servante ou son esclave et à la fin de la relation, il ne lui a donné rien.

Les auteurs mentionnés, Abrams et Robinson, ont écrit un article intitulé « Occupational effects of starking », traduit par « Effets professionnels du harcèlement », publié dans une revue psychiatrique en 2002. Ils expliquent que, premièrement, le harcèlement entraîne la dégradation des conditions de travail. Il empêche la victime de travailler si son partenaire harcelant l’entrave de quelque manière que ce soit. Deuxièmement, si la personne harcelante travaille au même endroit ou vit à proximité et peut se présenter à tout moment, la victime doit partir en raison de l’insécurité ressentie sur son lieu de travail. Troisièmement, le trauma émotionnel peut produire les effets suivants : fatigue, perte de la capacité à se concentrer, oubli et désorganisation. Ces facteurs peuvent amener quelqu’un à la perte de son emploi et à la subséquente perte des revenus et de son statut.
Les effets produits par le harcèlement, sont les mêmes que les effets produits par l’abus narcissique. Il n’est pas étonnant que les survivants aient tendance à être cliniquement déprimés, à négliger leur santé, leur apparence personnelle et qu’ils succombent à l’ennui, à la rage ou aux impulsions. Beaucoup d’entre eux finissent par consommer des médicaments, ou ils boivent de l’alcool et se comportent de manière imprudente. D’autres se lancent dans une quête spirituelle ou religieuse qui ne va jamais les aider à comprendre ce qui leur est arrivé.
La meilleure chose à faire est de trouver des professionnels qui expliquent bien ce qu’est l’abus narcissique, ainsi qu’un réseau de « survivants » visant à fournir un soutien aimant, attentionné et acceptant, sans tomber dans la victimisation de groupe. La possibilité d’exprimer en toute sécurité et liberté leur honte, leur culpabilité, leurs peurs, leur tristesse et leur colère légitime et d’y faire face de manière constructive, est essentielle à leur guérison.

Les effets traumatiques de l’abus narcissique sur les enfants

Dans les familles dysfonctionnelles où l’un de parents est narcissique, les enfants se conforment instinctivement aux contenus mentaux de ce parent pour pouvoir survivre. Comme les narcissiques se sentent supérieurs, omniscients et tout-puissants, ils imposent leur propre « éducation ». À cause de leur identité d’absence et de leur manque d’empathie, ils ne comprennent pas les besoins légitimes de leurs enfants. En plus, si l’autre parent souffre du syndrome de Stockholm ou du trouble de stress post-traumatique, les enfants seront négligés par les deux parents. Ces parents créent un environnement insécurisant et toxique, qui empêche leurs enfants d’évoluer vers leur autonomie psychoaffective et émotionnelle. En outre, la plupart de narcissiques font de leurs enfants « l’extension » de leur identité, ce qui a pour conséquence qu’ils ne développent pas un ego solide. Quelle que soit leur typologie, ils instrumentalisent leurs enfants. Par exemple, les narcissiques cérébraux sont à tel point absents émotionnellement, qu’inconsciemment ils ignorent les besoins psychoaffectifs de leurs enfants et les utilisent pour prouver qu’ils sont très spéciaux et omniscients. Ils accablent ainsi leurs enfants qui apprennent à refouler leurs émotions et à utiliser leur intellect, la rationalisation et leurs connaissances pour essayer d’être vus et de se faire aimer par ce parent éternellement absent.
En plus d’agir à partir de leur identité d’absence, beaucoup de narcissiques abandonnent factuellement leurs enfants. Ces enfants ont leur « cœur brisé ». Dans leur vie adulte, ils souffrent d’un sentiment de perte, d’une certitude de manquer d’amour et d’un besoin de fusion, accompagné de la crainte d’être abandonnées.

Les narcissiques ouvertement antagonistes, terrorisent leurs enfants et leur imposent une autorité arbitraire, où le contrôle par l’agressivité, le dénigrement et la violence est quotidien. En plus, ils incluent leurs enfants dans leur fantasme vindicatif contre l’autre parent. Ces derniers apprennent à dévaloriser ce parent.
Les narcissiques prédateurs abusent sexuellement de leurs enfants. Les effets sont que les lieux, les sons, les odeurs, les circonstances, les objets, les dates… s’impriment dans les enfants qui sont traumatisés par cette expérience génératrice de honte toxique. Ce type de narcissique menace l’enfant pour qu’il garde le silence, ou le convainc de ne rien dire sous prétexte que cela blessera la mère et détruira la famille. Cela produit un sentiment de culpabilité chez l’enfant.

Les narcissiques paranoïaques deviennent le « gourou » de la famille et ils font de leurs enfants leurs « disciples ». À propos des parents narcissiques qui jouent le rôle de gourou, Sam Vaknin affirme : « La psychose partagée implique l’isolement physique et émotionnel du narcissique et de son « troupeau », du conjoint et des enfants, qu’il coupe du monde extérieur, afin de mieux les protéger des menaces imminentes et des intentions hostiles. Le contrôle du narcissique se manifeste par l’ambiguïté, l’imprévisibilité, l’imprécision et l’abus ambiant. Ses caprices, toujours changeants, définissent le bien et le mal, le souhaitable et l’indésirable, ce qui doit être poursuivi et ce qui doit être évité. Lui seul détermine les droits et les obligations de ses « disciples », et les modifie à volonté. »
En tout cas, les parents narcissiques de tous les sous-types, hommes ou femmes, produisent les effets suivants sur leurs enfants :

  1. Ils les font douter d’eux-mêmes au point de créer chez eux une insécurité existentielle profonde, voire un doute ontologique. [Du mot grec Ontos, qui signifie être.] Ce doute va être compensé plus tard par un « faux self ».
  2. Les narcissiques trahissent la confiance que leurs enfants déposent en eux.
  3. Ils les obligent à se conformer aux contenus de leur mental. Ils les obligent à prévoir leurs humeurs et à avoir peur de leurs réactions.
  4. Ils les obligent à garder le silence à propos de leur abus, au point que les enfants apprennent à nier cet abus, et à nier leurs propres émotions légitimes.
  5. Ils les amènent à ignorer leurs propres besoins en faveur des siennes.
  6. Tels des petits enfants, les narcissiques font des demandes irréalistes et ahurissantes à leurs propres enfants.
  7. Ils enseignent à leurs enfants à les suridéaliser, en leur faisant croire qu’ils sont des parents omniscients, tout-puissants, spéciaux et extraordinaires.
  8. Ils les poussent à simuler leurs émotions, à les enrober intellectuellement et à les refouler, au point qu’ils perdent leur confiance en eux-mêmes.
  9. Ils en font l’extension de leur identité, au point que beaucoup de ces enfants deviennent également narcissiques, ou bien codépendants, ou ils souffrent du trouble de la personnalité limite ou d’autres névroses.
  10. Ils génèrent chez les enfants un stress post-traumatique chronique, voire un trouble de stress post-traumatique (TSPT) selon le degré de l’abus.

Le trouble de stress post-traumatique (TSPT).

La pire conséquence de l’abus narcissique est le TSPT. Contrairement aux idées répandues, le professeur Sam Vaknin affirme que le trouble de stress post-traumatique, n’est pas une réponse à l’abus narcissique prolongé, mais le résultat d’événements extrêmement stressants au sein de la famille, ou bien dans le lieu du travail. C’est le cas des enfants dont la vie est menacée par la violence ou les abus sexuels d’un narcissique qui fait porter sur eux sa rage et le blâme.
Il est important de savoir que les symptômes du TSPT n’apparaissent pas immédiatement après l’expérience traumatisante de longues durées. Ils peuvent émerger des mois ou des années plus tard. Les enfants qui ont connu la terreur générée par un parent narcissique développent des systèmes de défense qui se fragilisent bien plus tard dans leur vie, lorsque des pertes affectives ou matérielles, ou d’autres situations pénibles, agissent comme des déclencheurs.
La première manifestation du trouble de stress post-traumatique, est la peur envahissante et incapacitante. Si la victime se sent projetée dans un cauchemar ou dans un film d’horreur, sa propre terreur la rend incapable de fonctionner. Elle continue à revivre son expérience néfaste par des « flashbacks », souvenirs récurrents et intrusifs, visuels et auditifs, voire par des hallucinations. Quand les « flashbacks » sont terrifiants, cette personne peut tomber dans un état dissociatif, où elle rejoue les événements tels qu’ils étaient, ou bien de façon détournée. Dans ce dernier cas, elle déforme la réalité présente. Il s’agit d’hallucinations négatives d’une situation quelconque. Dans sa tentative de supprimer ces mémoires intrusives, ainsi que les réactions d’angoisse qui les accompagnent, elle peut essayer d’éviter tout stimulus associé à l’événement traumatique, et même toute association attachée à son expérience, quelle qu’elle soit. Ainsi, elle peut par exemple, s’enfermer à vie dans un couvent ou se lancer dans une quête spirituelle sans fin. Ou bien, elle évite l’association avec un membre de la famille sur lequel elle transpose l’agresseur et projette sur lui sa propre insécurité ou sa propre terreur. Si elle est narcissique, elle va lui faire porter sa rage, sans aucun regret, tout en restant insensible.

Beaucoup des victimes développent de phobies à grande échelle, comme la claustrophobie qui est la peur des endroits clos ou l’agoraphobie qui est la peur des lieux publics. Ou bien, elles développent la peur des hauteurs, l’aversion pour un animal spécifique, la peur d’un objet, la peur d’un mode de transport, des bâtiments, du noir, du néant, du temps, etc. D’autres sont déprimées, ou bien elles sont dysphoriques, c’est-à-dire que leur humeur oscille entre deux émotions opposées. D’autres encore se sentent détachées de tout ou ne s’intéressent à rien. Elles sont émotionnellement absentes ou dissociées et étranges dans leur comportement. D’autres ressentent que leur vie n’a pas de sens et elles évitent d’avoir une carrière, une famille ou un avenir significatif. L’incapacité de la victime d’accomplir des tâches simples, ou son incapacité de fonctionner normalement dans le monde, réduit son estime personnelle et sa capacité à la réciprocité.
Complètement fatiguées, beaucoup des victimes présentent des périodes prolongées d’anesthésie psychologique et dans les cas extrêmes, des états proches de la catatonie. Leur conscience est altérée de façon dangereuse. Leurs proches les observent agir comme si elles étaient des zombies ou des automates. La famille déplore le fait que la victime ne montre pas sa tendresse, ni sa compassion, ni de l’empathie, ni n’a aucune vie sexuelle en raison de sa frigidité post-traumatique.
D’autres victimes deviennent paranoïaques, impulsives et sans contrôle dans leur activité autodestructive. D’autres somatisent leurs problèmes mentaux et se plaignent de maux physiques. Beaucoup sont hypocondriaques ou mélancoliques.
La plupart des enfants confondent l’abus narcissique avec l’attachement et avec l’amour qu’ils ressentent pour leur parent narcissique. Cette terrible confusion est comme « les grains qui attirent le gibier ». Plusieurs études ont démontré que les personnes ayant subi l’abus narcissique dans leur enfance, dans leur vie adulte se sentent attirées par des abuseurs. Mais elles peuvent se libérer de cet « engrenage » grâce à des méthodes adéquates destinées à transcender le TSPT.

Traitements psychologiques et pédagogiques

En dehors des traitements médicaux, la nécessité de développer des traitements psychothérapeutiques efficaces pour les victimes d’abus narcissique demande la compréhension du trouble de stress post-traumatique (TSPT), ainsi que du trouble de la personnalité narcissique et de la codépendance affective dysfonctionnelle.
La psychopédagogie relative au trouble du syndrome post-traumatique est une intervention qui doit être proposée immédiatement aux victimes d’abus narcissique. Il est capital que les « survivants » soient bien informés à propos du trouble de la personnalité narcissique, pour qu’ils puissent investiguer tous les aspects de leur vécu. Il est tout aussi important qu’ils apprennent à reconnaître les symptômes de leur TSPT. Notamment, leurs interprétations et leurs distorsions cognitives, leurs habitudes d’attachement, ainsi que leurs croyances irrationnelles hypnotiques.
Les thérapies cognitives et comportementales se révèlent efficaces pour le traitement du TSPT. Elles amènent les victimes, à remettre en cause les croyances irrationnelles, génératrices de l’insécurité, de la culpabilité et de la honte toxique qu’elles ressentent. Pour découvrir ces croyances, il est important que les victimes soient exposées peu à peu aux situations qu’elles redoutent, en même temps qu’elles utilisent des techniques de relaxation pour diminuer leur anxiété.

Pour exposer la personne aux traumatismes du passé, j’utilise une méthode qui consiste à faire des répétitions intentionnelles des expériences traumatiques. Premièrement, j’accompagne la personne à revisiter l’histoire de l’abus narcissique, en la faisant voir les aspects qu’elle a niés, ou que l’enfant qu’elle était ne pouvait pas voir, ni comprendre. Cela lui permet d’exprimer ses émotions. Puis, grâce aux répétitions intentionnelles des événements marquants, son attention se décolle des « flashbacks », de ces souvenirs intrusifs. À la fin, elle comprend que les « flashbacks », n’étaient que des images prises par la réalité en temps présent. Si ces « flashbacks » comportent des mémoires sensorielles auditives et olfactives, grâce aux répétitions, la personne voit qu’elle s’identifie à la perception figée dans son passé. Cette compression l’amène à lâcher-prise et à retourner au moment présent.

Si la victime d’un narcissique refoule sa colère de façon extrême, il est nécessaire de la faire réagir, car elle se fait une violence énorme à elle-même. Il existe des thérapies re-traumatisantes, moins douces, comme la thérapie « froide » du professeur Sam Vaknin, qu’il utilise surtout avec les narcissiques. Son intention est de recréer l’empreinte du traumatisme passé, dans le but de générer de nouvelles associations et des réactions moins stressantes, terrorisantes ou anxiogènes, en temps présent. Cela permet au patient de compléter l’intégration des souvenirs et des émotions envahissantes. Cependant, le thérapeute doit bien connaître cette méthode, car les personnes ayant un faible niveau d’organisation psychique, comme dans le cas de ceux souffrant du trouble de la personnalité limite ou « borderline », peuvent réagir à la technique re-traumatisante par une décompensation.
L’intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires (EMDR) est un autre traitement controversé, conçu par Francine Shapiro pour traiter le stress post-traumatique, promettant une amélioration relativement rapide des symptômes. La technique consiste en une stimulation bilatérale du cerveau, au moyen de mouvements oculaires, du contact alterné entre deux points du corps ou de sons, pendant que la personne évoque l’événement traumatique. Cela provoque des nouveaux points de vue concernant les souvenirs. Mais devant les effets de l’abus narcissique, qui est un traumatisme émotionnel sévère de longue durée, EDMR ne semble pas efficace. La personne qui a eu un parent ou un partenaire narcissique doit identifier tous les effets que l’abus narcissique à produit dans sa vie. Cette investigation vise à normaliser ces réactions. Ensuite elle peut utiliser des techniques comme EDMR.

Autre méthode très efficace est la « Quantum Psychology » que j’enseigne. C’est une méthode introspective qui permet de remettre en question les mécanismes et les croyances, figés pendant la période de l’abus narcissique et dans l’enfance. Par cette introspection, la personne reconnaît les divers « moi » auxquels elle s’identifie. Grâce à la mise en lumière des mécanismes et croyances, ainsi que des diverses « voix » mentales, la personne peut les regarder en distance. Quand elle observe comment tous ces mécanismes et croyances interagissent recréant le stress post-traumatique, elle peut enfin s’en détacher et commencer à vivre en temps présent.
C’est un processus de déshypnose, qui prend en considération l’histoire de la personne, les interprétations qu’elle à fait de cette histoire, ses distorsions cognitives et les croyances hypnotiques par lesquelles elle confirme sa souffrance chronique. Par cette méthode, qui comporte aussi les répétitions intentionnelles des événements marquants et les mouvements des yeux, la personne comprend enfin que le « personnage » ou structure psychique qui s’est construite à la suite de l’abus narcissique n’est pas « elle ». La remise en question du « personnage » acquis dans l’enfance, l’amène à se réveiller définitivement de son hypnose identitaire.
Je suggère aussi de respirer consciemment et d’obtenir un équilibre énergétique grâce aux pratiques telles que le Qi Gong, le yoga, le Jin Shin Jiutsu, ou la méthode Feldenkrais, en même temps que la personne investigue tous les aspects de son vécu. Elle peut aussi aller à la rencontre des besoins fondamentaux de son « enfant intérieur » en devenant sa propre mère et son propre père. C’est ainsi qu’elle apprend à discerner ce qu’elle ne veut pas, dans le but de respecter ses limites.

Conclusion
Le traumatisme n’est pas ce qui est arrivé. Le traumatisme est l’état hypnotique qui s’installe chez les victimes à la suite de l’abus narcissique subi. Chacun peut se réveiller de son hypnose et évoluer vers son autonomie psychoaffective et émotionnelle, peu importe le type de traumatisme. La personne qui s’engage avec elle-même dans ce processus unique, développe la confiance en soi, l’estime personnelle et la conscience des aspects de son psychisme qu’elle ignorait. Au terme de ce processus, elle découvre la réalité immédiate sans être gênée par les souvenirs ou par l’introjection, ni par le « personnage » ou identité qu’elle avait cru être. Elle ressent alors la joie simple de son être authentique.

Publication proposée par : Calderón Prabhã

Prabhã Calderón enseigne la Déshypnose Identitaire depuis plus de 25 ans. Elle accompagne les personnes ayant souffert d’un abus narcissique et d’un trouble de stress post-traumatique.
Son cours en ligne permet à ses étudiants de remettre en question les croyances ancrées dans leur passé qui les amènent à croire qu’ils « sont » les victimes de ce qui leur est arrivé.
Elle leur fournit les outils énergétiques et cognitifs nécessaires pour se libérer de tout ce qui entretient leur souffrance chronique. À l’aide de pratiques simples, ils cessent de s’identifier à des états régressifs qui les empêchaient de retrouver équilibre et bonheur.
- Téléphone et WhatsApp : 0033.647.57.16.28
- prabha.calderon@orange.fr ;
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Nos actions sont motivées par sept besoins fondamentaux qui découlent de notre nature humaine.

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