Est-il possible, dans un contexte de confinement, de cohabitation restreinte et ininterrompue pendant plusieurs semaines, de bonifier l’amour, d’augmenter la complicité ? Est-il possible, sinon, d’éviter les conflits, les crises, ainsi qu’une éventuelle rupture ?
Au cours des derniers mois, j’ai observé, dans ma pratique professionnelle et dans ma vie personnelle, plusieurs défis auxquels sont confrontés les couples en période de confinement. Nommons la présence permanente du partenaire, l’accès limité à des distractions extérieures, l’omniprésence des enfants, le partage de l’espace commun, le sentiment d’envahissement, le manque de discipline pour certains et la rigidité pour d’autres, le partage des tâches ménagères ou encore le manque de vie sociale. Il arrive aussi que l’on s’ennuie en compagnie de l’autre ou encore que l’on ressente un manque de relations de qualité ensemble, un manque de moments nourrissants, d’intimité et de communication.
Ajoutons à cela l’impact du télétravail sur la relation, l’accumulation des non-dits et des frustrations, et plus encore.
La rencontre des différences de chacun provoque des points de tension, exacerbés par la répétition des situations problématiques.
Je constate le même phénomène à la période des fêtes de fin d’année. Après avoir passé une quinzaine de jours en famille, je reçois de nombreux appels de personnes en difficulté relationnelle qui demandent à consulter. Ces temps de retrouvailles créent des tensions qui peuvent, dans certains cas, amener le couple à évoquer la rupture.
La réalité, c’est que plus on côtoie une personne, plus les différences entre chacun se manifestent et se confrontent, et ce, de façon naturelle. L’un des partenaires aime que tout soit bien rangé alors que l’autre y accorde moins d’importance ; l’un préfère les films d’action et l’autre, les films à réflexion. Ou encore, l’un aime écouter de la musique et l’autre, des émissions d’intérêt public ; l’un aime faire du sport et l’autre du travail manuel ; un partenaire aime la vie sociale et l’autre, la tranquillité de la maison ; l’un préfère faire l’amour le soir et l’autre, le matin ; l’un est plus permissif avec les enfants et l’autre, plus encadrant… C’est sans fin.
Le défi principal réside dans la difficulté à faire face à cette réalité de la relation. Voici comment le problème se pose : souvent, l’un des deux cherche à imposer sa vision à l’autre, qui aura alors tendance à se nier pour que la rencontre soit possible. La lutte de pouvoir qui s’en suit peut mener jusqu’au dénigrement de l’autre ou de ses intérêts. On se compare en diminuant notre partenaire, en supériorisant notre choix ou infériorisant le choix de l’autre. On peut aussi se comparer à d’autres couples qui semblent mieux fonctionner. Parce qu’on ne s’écoute pas, on finit par se soumettre, s’imposer ou encore aller chacun de son côté. Ces dynamiques finissent, à la longue, par user le plaisir d’être ensemble, créent des frustrations qui s’accumulent et préparent une rupture éventuelle : les partenaires ne souhaitent plus que sortir de l’impuissance provoquée par ce manège insatisfaisant.
Existe-t-il un antidote ? Certainement ! Je suis conscient que cela puisse représenter un défi, mais la solution consiste à appliquer le contraire de ce que l’on a tendance à faire naturellement ! Il s’agit d’abord d’écouter ses propres besoins, ses manques, ses limites et ses envies, et de les communiquer à l’autre, sans jugements, sans reproches et sans comparaison. Ensuite, on laissera notre partenaire nous parler de ses besoins et on l’écoutera, de la même façon. Par exemple, on peut commencer en disant : « Tu sais mon amour, cet après-midi, pour ma part, j’ai envie de … Et toi, de quoi as-tu envie ? » Un échange comme celui-ci a pour impact de laisser s’immiscer un sentiment de liberté et d’acceptation, de part et d’autre, qui peut mener à un rapprochement.
Cette importante étape permet d’entamer le processus de négociation d’un terrain d’entente, dans le but de se rejoindre et que chacun s’approche d’un sentiment de satisfaction. Ce qui est difficile à ce moment, c’est d’accepter de perdre une partie de nos idéaux, dans le but de gagner la rencontre à deux.
Le défi du confinement consiste à arriver à appliquer ce mode de fonctionnement, en donnant le droit à chacun de conserver sa différence, tout en étant ensemble.
Je vous souhaite de prendre soin de vous dans votre relation à l’autre.
Yvan Phaneuf. TRA, Thérapeute en Relation d’aideMD, formateur, auteur et conférencier
Organisateur de la formation professionnelle en relation d’aide par l’Approche non directive créatrice (ANDC) de Colette Portelance, permet de devenir un thérapeute qualifié et un véritable spécialiste des relations humaines.
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