« J’appelle éducation positive ce qui tend à former l’esprit avant l’âge, et à donner à l’enfant la connaissance des devoirs de l’homme. » Jean-Jacques Rousseau
Notre monde change, à tous points de vue. La société et les mœurs ont changé. La famille en tant que point de repère, a changé. L’enfant et l’adolescent vivent dans un monde nouveau que leurs parents et leurs éducateurs n’ont pas eux-mêmes, connu.
Comment, nous en tant que parents, pouvons-nous vivre notre parentalité avec une conscience qui tient compte de ce monde nouveau et changeant, et aussi de nos propres besoins en tant qu’être humain vivant les contradictions de notre vie personnelle et parentale ?
Depuis 7 ans, j’ai donné des conférences dans nombre de lieux éducatifs, associations de parents, crèches, écoles, enseignement supérieur. Dans le cadre de l’Autrement dit, la structure d’accompagnement et de formation que j’ai créée avec Jean-Marie Hoton, nous avons reçu près de 2.000 participants et plus de 1000 professionnels de l’éducation ou de l’enseignement dans nos séminaires et ateliers.
Je nous cite à titre d’exemple, mais d’autres conférenciers viennent parler devant des salles combles. Un grand nombre de livres ont paru sur la question, en particulier, celui de Faber et Mazlish (Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour qu’ils parlent) dont nous avons diffusé la méthode en Belgique. Je crois qu’il s’agit véritablement d’une vague de fond, d’une question de société.
A quoi tient-elle ? A un changement de monde. Dans le monde d’avant, la famille était le point de référence, le père, pater familias, était le gardien devant la loi, la mère prenait soin du foyer, l’enfant faisait son devoir sous peine de punition. Bien sûr, il s’agit d’une description schématique, mais qui correspond à un modèle de société que nos parents et certains d’entre nous ont connu. De nos jours, il y a davantage un sens des valeurs, un respect des droits de l’enfant.
Avec le changement culturel, une prise de conscience est apparue : une « prise de conscience psychologique du parent », suivant l’expression de Jeremy Rifkin, économiste et sociologue, auteur de « Une nouvelle conscience pour un monde en crise ». Le parent peut se rendre compte que son comportement affecte l’enfant, de même que l’enfant peut se rendre compte progressivement que son comportement affecte d’autres enfants. C’est ce que J.Rifkin appelle la maturation empathique qui se produit chez l’enfant à partir de 4-5 ans. L’auteur décrit ce processus qui va d’une prise de conscience progressive de la réciprocité sociale, à l’empathie envers la souffrance d’un autre être ou d’un groupe social.
Aussi, à travers ma propre expérience professionnelle et parentale, j’ai senti comment, chez l’adulte, parent ou éducateur, cette conscience empathique produit une remise en question et même une culpabilisation et un sentiment de désarroi, puis un désir de réparation. Ce désir de comprendre et de réparer se manifeste sous la forme d’une demande de compréhension des mécanismes de comportement, et d’éclairage sur une prise en charge plus adaptée du rôle parental. Autrement dit, le parent se pose la question de son attitude par rapport l’enfant dans de nombreuses situations, de la petite enfance à l’âge adolescent : troubles du sommeil, rivalité dans la fratrie, retards scolaires, déficit d’attention, retrait affectif, difficultés d’intégration, etc.
Le parent qui veut « bien faire » est sollicité de toute part et tout le temps. Il cherche dans une conférence, un stage, un livre les réponses à ses questions. Il y a une anxiété latente ou manifeste chez nombre de parents qui viennent nous consulter, se former chez nous ou nous écouter en conférence.
La question qui peut se poser est : cette anxiété, ce désarroi, ce sentiment de culpabilité sont-ils la seule motivation qui pousse le parent dans cette quête ? Si ce n’est que cela, la parentalité reviendrait à réduire le rôle de parent à un devoir, une charge qui pèse sur un être qui vit déjà le stress de sa propre vie personnelle et professionnelle. Dans ce cas, le parent a-t-il vraiment changé de monde ? Dans le passé, le parent était dans le rôle du parent tout-puissant qui avait toujours raison. Aujourd’hui, il se conformerait à un autre rôle, le parent qui a mauvaise conscience, de surcroît, en cas de famille recomposée ou de séparation conjugale.
Mon intuition parentale et professionnelle, et ma recherche clinique et théorique me poussent à faire l’hypothèse d’une quête de conscience plus large qui guide, confusément ou de manière consciente, le parent. En effet, pour moi, il ne s’agit pas seulement pour le parent de chercher des recettes pour être un bon parent, il s’agit de développer une nouvelle conscience de l’être-parent.
Le parent conscient est aussi un être singulier, qui ressent sa division intérieure entre ses besoins personnels et ses rôles professionnels et familiaux. A travers la prise de conscience bienveillante et l’acceptation (selon Carl Rogers) de soi-même divisé, il est possible de se réaliser dans un nouvel équilibre intérieur et relationnel.
A propos cette méthodologie que j’ai nommée « ParentÉquilibre », je cite deux exemples.
La mère d’une petite fille de 7 ans, vient me voir, bouleversée, car sa fille se fait rejeter dans la cour de récréation par les autres enfants. Elle se revoit, elle-même, vivant cette situation au même âge. Au cours de la séance, elle réalise qu’elle transfère son problème de petite fille sur son enfant. Du coup, elle a pu faire confiance à sa fille, un être singulier qui a pu, du coup, aller vers ses camarades et se faire des amitiés. La relation entre mère et fille a changé de dimension.
Une autre mère se fâche contre son fils qui l’insulte violemment. En atelier, elle se demande comment gérer la violence de son fils. Au cours de cet atelier, elle s’est rendu compte que sa peur des colères de son fils l’empêchait d’entrer en communication avec lui et la figeait. En acceptant cette peur, et en la reconnaissant, elle a pu, du coup, accueillir sans peur le mécontentement de son fils qui a pu trouver une forme d’expression des sentiments acceptable pour autrui et pour lui-même.
Dans la méthodologie ParentEquilibre, le déséquilibre peut conduire à une prise de conscience fondée sur un nouvel équilibre avec soi-même-parent et avec l’autre-enfant, un être singulier en construction.
Les fondements de cette méthode, issue de mon expérience et mes recherches théoriques (Carl Rogers, Haim Ginott, Thomas Gordon, Milton Erikson, Korczak, Dolto,) mettent en valeur :
Le soin de la qualité de la relation avec l’enfant
L’équilibre relationnel et vital du parent et de l’enfant
L’écoute de l’intelligence du cœur, une compétence naturelle de l’adulte qui sait dans son for intérieur, l’attitude juste, et du coup, ce savoir se transmet à l’autre.
Des exercices pratiques illustrent ces principes. J’ai voulu, en plus des ateliers et séminaires, proposer une formule d’accompagnement individualisé, dans ce cheminement intérieur. Cet accompagnement se veut proche des gens, sans contrainte, progressif et respectueux du rythme de chacun, et accessible dans le monde puisqu’il se fait en ligne.
Anne-Sophie THIRY Anne-Sophie Thiry a créé "L’Autrement Dit" en 2007, formatrice pour l’Autrement dit, pour des professionnels de l’animation et de la santé mentale (Paris), pour les professionnels de l’éducation à l’ONE (Office de la Naissance et de l’Enfance en Belgique). Formatrice, thérapeute, licenciée en Philologie Romane (Master en langues et littératures françaises et romanes), agrégée de l’enseignement secondaire supérieur (AESS) et détentrice du certificat d’aptitude pédagogique approprié à l’enseignement supérieur (CAPAES). Formée en Thérapie Systémique brève, en Communication Non Violente, en approche des personnalités, praticienne en PNL, et en Hypnose Eriksonienne, et formée aux ateliers de soutien parental courant humaniste : Roger’s, Faber et Mazlish et à la méthode Gordon. Elle est en cours de formation à l’Université de Lille 3 pour l’obtention d’un Diplôme Universitaire en Thérapie Émotionnelle Comportementale et Cognitive ( TECC à Lille 3). |
Depuis sa création en 2007, l’Autrement dit, pionnière pour ces ateliers en Belgique, a accompagné des centaines de familles, de parents ou de professionnels venant d’horizons aussi variés que des psychologues, des éducateurs, des enseignants, des médecins, des assistants sociaux, des puéricultrices, des pédiatres...
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