Chronique

La parentalité, c’est comme la bicyclette

Par Anne-Sophie Thiry - L’Autrement dit.


La parentalité, c'est comme la bicyclette

Comment garder un équilibre dans nos vies si bien remplies ? Comment pouvoir rester la tête hors de l’eau quand chaque enfant vient avec des demandes spécifiques, ses besoins parfois si différents des nôtres… quand ils n’y ne sont pas opposés ?

Souvent, nous prenons sur nous, n’écoutant pas nos propres besoins, les reléguant à "plus tard" au nom d’arguments empreints de culpabilité ("je dois d’abord m’occuper de mes enfants"). Mais très souvent, nos besoins non pris en compte s’arrangent pour se rappeler à nous et nous nous sentons coincés, la colère monte et c’est l’enfant qui en fait les frais... Et puis, s’en suit la culpabilité...

Oui, c’est difficile d’être un parent disponible alors que le temps passé avec nos chers enfants est réduit. Nous avons envie que ce peu de temps soit agréable, serein, harmonieux... Or, avec la somme d’activités, les devoirs, la préparation du repas et la gestion de la courte soirée, c’est bien difficile de garder son calme. Comment rester en équilibre sur la bicyclette ?

Avez-vous déjà remarqué comme tout est plus léger dans la maison quand nous allons bien ? Les enfants le ressentent, c’est plus fluide, harmonieux... C’est que nous jouons un rôle dans le climat familial.

C’est une fameuse prise de conscience, une découverte certes un peu déconcertante, de se rendre compte que pour que nos enfants aillent bien, il faut que nous prenions soin de nous ! Ils nous confèrent cette responsabilité...

La chose la plus importante pour mon enfant ? Et moi alors ?

Nos enfants peuvent, sans le vouloir bien sûr, nous mettre dans des situations bien inconfortables. Il nous arrive même, que sous la pression du regard des autres, nous leur disions des choses maladroites que jamais nous ne dirions si nous étions seuls avec eux...

C’est que, bien souvent, nos propres émotions nous parasitent, viennent se mêler à ce qui se passe pour l’enfant.

Or, dans ces moments compliqués, il nous est difficile de réaliser que ce que notre enfant ressent est si envahissant dans son cœur. Par exemple, quand Adeline voit des sucreries colorées dans un distributeur à la boulangerie, c’est, à ce moment-là, pour elle, LA CHOSE la plus IMPORTANTE AU MONDE !!! Alors que nous avons juste envie d’acheter un pain !

Nous, adultes, ne sommes pas dans la même réalité que l’enfant, à ce moment-là (sauf si vous aussi, à ce moment-là, vous avez envie de ces bonbons... Dans ce cas achetez-les et c’est un bonheur partagé !). En outre, il faut savoir que les enfants ne sont pas équipés comme nous pour résister à la tentation. Leur système d’inhibition n’est pas encore mature. C’est donc très difficile pour lui de « raisonner » sur les sucreries qu’il reste à la maison quand il en voit de très appétissantes là de suite, sous ses yeux. Ajoutons que pour l’ado aussi, l’inhibition n’est pas encore installée, et que résister à une tentation peut être très difficile...

Ce n’est pas parce que c’est la chose la plus importante au monde, pour lui, qu’il faut nécessairement la lui donner. Mais il peut être précieux de comprendre que l’intensité de sa colère (quand il se roule par terre, par exemple) est proportionnelle à son envie du moment (avoir des sucreries colorées qui sont dans le distributeur), et à sa difficulté de gérer son impulsivité et son envie.

Notre rôle de parent est de l’aider à apprivoiser cette émotion si forte qui l’envahit.
Nous pouvons le faire en mettant des mots sur ce qu’il vit avec empathie tout en lui permettant d’exprimer sa colère de manière acceptable et socialisée.

Dans ces moments délicats (et ils sont nombreux dans la vie d’un parent !), ce qui peut nous aider, c’est de nous défocaliser de notre point de vue, et d’aller visiter ce que l’enfant perçoit du sien. Cela nous permet de comprendre l’intensité de ses émotions, de l’accompagner dans sa détresse, tout en restant à notre place d’adulte. Nous pouvons nous dire « Mon enfant est en colère, il est frustré à cause de cela, je choisis de ne pas le lui donner. Il apprend la frustration, c’est important pour lui. Ce n’est agréable pour personne mais cela fait partie de mon rôle de parent ».

Et puis, prendre soin de nous après ce moment de tension : cela peut être respirer 3x profondément, en imaginant que la tension s’en va dans l’expir, boire un grand verre d’eau, penser à combien nous aimons notre enfant, combien ses qualités nous touchent, sourire intérieurement en relativisant, nous disant que plus tard, cela fera partie des anecdotes familiales…

Publication proposée par : Autrement Dit (L’)

Depuis sa création en 2007, l’Autrement dit, pionnière pour ces ateliers en Belgique, a accompagné des centaines de familles, de parents ou de professionnels venant d’horizons aussi variés que des psychologues, des éducateurs, des enseignants, des médecins, des assistants sociaux, des puéricultrices, des pédiatres...
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