Psychologue, psychothérapeute de formation de base, je travaille dans un centre spécialisé dans le stress chronique, et depuis quelques 15 années, dans le stress traumatique, parce que la société va dans ce sens-là et que nous nous trouvons confrontés de plus en plus aux difficultés de la violence.
Je réagis suite à une enquête concernant l’emploi d’images violentes ou de l’humour pour changer les comportements face à la sécurité routière, ou dans une autre cadre.
La première chose est de savoir qu’il faut prendre en compte de manière systémique et donc plus globale, l’ensemble des paramètres liés à la sécurité, notamment la fluidité du trafic et la facilité de la conduite, les critères de visibilité des signaux routiers, la force de l’habitude de la conduite d’un véhicule et l’impact de changements continuels, etc. ; hélas déjà nous nous heurtons à des décisions politiques générales contradictoires si pas paradoxales. Il est également nécessaire d’augmenter la facilitation de l’apprentissage et d’utiliser les capacités d’adaptabilité des personnes concernées.
La deuxième chose étant de prendre en compte les évidences mises en lumière par les neurosciences : notre mental réagit d’une autre manière s’il est confronté à des images choquantes, considérées comme dangereuses ou ressenties comme violentes, qu’aux images neutres, habituelles ou positives. Ce ne sont pas les mêmes aires cérébrales qui sont en jeu et ce n’est pas la même réactivité neurophysiologique qui se met en place. La bipolarité de notre système nerveux nous permet de réagir soit avec un arsenal hormonal et nerveux lié à la survie, dépendant du circuit de la peur, soit de manière plus modérée et relativement plus lente dépendant d’un réseau neuronal liés à plusieurs aires cérébrales mises en connexion. Ce réseau neuronal est celui que l’on utilise dans la vie courante, il est modulé par la mémoire de nos apprentissages, de nos pensées et de nos valeurs.
Lorsqu’il est dit : "Il faut ça pour que les gens réagissent. Le choc apporte plus de sensibilité que l’humour.", ceci est nettement plus ’vrai’ que cela en a l’air...
Il ne faut pas croire qu’il est innocent d’utiliser des images violentes et d’activer ainsi le circuit de la peur ; un circuit réflexe qui suit les lois de notre cerveau archaïque. Notre manière de penser, les comportements qui s’ensuivent, sont impactés par l’appréhension de cette réalité choquante. Depuis quelques décennies, nous sommes assaillis par des informations de violence, par des images d’agressivité, par la sur-stimulation de notre système nerveux sensitif. Les pensées prennent la voie réflexe plutôt que réflexive, il y a surexcitation et sur-émotivité !
Ne nous attendons donc pas à avoir une société plus civique et moins agressive en utilisant systématiquement le choc émotionnel pour faire changer les mentalités.
Ceci est antinomique au fait que nous souhaitons des citoyens capables de gérer de manière responsable et raisonnable les conflits et les difficultés liées la densité urbaine, au trafic et à la complexité actuelle de la conduite automobile.
L’humour, au contraire, va activer des circuits dans le système nerveux supérieur, et bien qu’il n’aura pas un impact immédiat - mais donc éphémère - comme dans le circuit de la peur - il aura une résonance psychologique plus large et plus adéquate à la vie en société.
Faisons très attention à nos choix, notre réactivité au choc émotionnel non seulement fatigue le système nerveux, mais émousse très vite nos réactions normales c’est-à-dire celles qui font partie de notre intelligence sociale !
Michèle Quintin
Michèle Quintin - Centre de Relaxothérapie® et de Prévention
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