Est-ce que les fêtes vous évoquent « solitude » et « isolement » ou plutôt « moments joyeux de retrouvailles » ? Pourquoi y sommes-nous sensibles ou certains d’entre nous plus sensibles ?
Clairement ce sentiment de solitude en ces périodes de fin d’année semble s’exacerber.
J’aimerais, avec vous, en relever quelques causes et origines. De multiples paramètres peuvent être imbriqués tels que la lumière, l’histoire de vie, la carte des traumas y compris trans-générationnelle, l’hypersensibilité, l’épigénétique,…
Les fêtes de fin d’année, par exemple, sont des moments traditionnels de retrouvailles. Les familles, et les amis, se joignent à des célébrations pour d’aucuns religieuses, communautaires, ou tout simplement dans l’ambiance et l’atmosphère du moment.
Or ces mêmes fêtes sont proches du solstice d’hiver, là où la lumière manque et, physiologiquement, nous manque… La lumière joue directement sur nos humeurs. Je rappelle que, si vous retrouvez trois ou quatre des symptômes qui suivent, il vous est nécessaire et utile de faire de la luminothérapie :
Difficulté à se réveiller le matin, sentiment parfois d’être nauséeux, coup de pompe en journée parfois très violent, avance de phase (vous vous endormez devant l’écran ou dès que vous vous arrêtez de « faire » quelque chose, difficulté à aller dormir, réveil pendant la nuit, difficulté à se rendormir, irritabilité, saute d’humeur, manque d’énergie, grignotage pour compenser ce manque d’énergie, tristesse de fond, état dépressif, dépression saisonnière, problème de concentration, problème de mémorisation, libido dans les chaussettes, pour les femmes avoir des règles douloureuses…
Ces symptômes combinés démontrent un clair manque de lumière et une dérégulation de notre horloge biologique en adéquation avec notre qualité de sommeil et à notre capacité de mieux gérer nos émotions.
Ce contexte biologique aura une influence directe sur notre humeur et sur l’accroissement, l’augmentation de nos émotions difficiles ou de nos sentiments de solitude ou d’abandon, etc.
De plus, notre société, surtout dans les générations plus jeunes, s’est fortement virtualisée et a commencé à, physiquement, isoler les individus.
A l’âge adulte, par exemple, l’émergence du homework pourrait encore amplifier cet isolement. Certains métiers plus solitaires par définition pourront également renforcer ce sentiment d’isolement.
D’autres professions, telles que les métiers d’autorité, ou considérées plus machistes et où la puissance et l’image de puissance sont importantes y seront également plus sensibles car leurs membres ne pourront pas montrer de faiblesse ou leur faiblesse même temporaire.
Je me rappelle, il y a quelques années, d’un avocat organisateur de conférences au jeune barreau, qui s’est vu refuser une conférence sur le thème du burn-out de l’avocat, sous prétexte que ce sont des sujets tabous. En effet, un avocat joue de sa réputation et de sa force qui reposent sur son intelligence, sa connaissance du droit et de ces astuces, de son expérience et de sa force de persuasion lors des plaidoiries. Certaines matières ne nécessitant pas la même « gouaille » comme elle l’est un peu plus nécessaire au pénal par exemple.
Je pense notamment aux forces de l’ordre et au nombre impressionnant de suicides annuels. L’image, toujours l’image et un grand sentiment d’impuissance face à des situations où il n’existe pas de bonne réponse mais la moindre des mauvaises solutions. Je me souviens d’une collègue, ancien officier de police, s’occupant de la jeunesse et adorant son métier et le fait d’aider à la capture notamment de pédophiles qui s’est littéralement tuée à la tâche parce que dans son service il manquait quasi la moitié des effectifs ; Et un dossier non traité en temps et heure signifiait potentiellement le maintien en liberté d’un pédophile ! Choix cornélien, choix de Sophie… Il n’y avait pas d’autres possibilités que de lâcher prise et qu’à faire de son mieux dans un système imparfait composé d’êtres humains imparfaits. Certains démoralisés ou désengagés et d’autres trop engagés au détriment de leur propre équilibre émotionnel et affectif.
« La solitude (du latin solus signifiant « seul ») est l’état, ponctuel ou durable, plus ou moins choisi ou subi, d’un individu qui n’est engagé dans aucun rapport avec autrui.
Certains auteurs parlent de solitude objective pour distinguer cet état du sentiment subjectif associé à l’isolement social. » (wikipedia)
Et l’isolement serait : « L’isolement est le constat d’une situation dans laquelle un individu est séparé de gré ou de force du reste de son environnement habituel.
Certaines formes d’isolement peuvent être à la source d’un état pathologique de solitude. » (wikipedia)
Et l’isolement social, quant à lui, est très important en terme de souffrance humaine et de chiffre : L’isolement social désigne un manque d’interactions sociales en raison de divers facteurs sociaux, psychologiques et physiques. Il s’agit d’une cause importante de mortalité et d’une source de souffrances analogues aux souffrances physiques . En France, 5,5 millions de personnes souffrent d’isolement social selon un rapport du CESE (Conseil économique social et environnemental)
Ce qu’il est important d’observer c’est qu’une part de ce sentiment de solitude (qui peut mener à l’isolement) est pour partie subjectif… et objectif !
Ce sentiment trouvera souvent une base en lien avec un type de troubles que nous appelons les troubles de l’attachement. Que sont les troubles de l’attachement ?
Tous les mammifères ont développent soit un attachement sécure, soit insécure. Dans le cas de l’insécurité, nous nous construisons, dans un environnement qui ne donnerait pas les bases d’une sécurité émotionnelle et affective ou des grilles de lectures qui nous permettraient de comprendre ce que sont les émotions ainsi que les sentiments, divers troubles que nous appellerons des troubles de l’attachement.
Ces mécanismes d’attachement cherchent à compenser les blessures de manque et à remplir une fonction soit de réparation, soit d’évitement d’une souffrance, soit tout simplement à survivre dans un environnement incompréhensible à l’âge où nous le vivons.
Si nous ne prenons pas le temps d’expliquer aux enfants ce qu’ils ressentent et vivent de façon contextualisée, l’enfant – ou des parts de l’enfant, des sous-programmes - s’inventent et se créent des grilles de lecture qui chercheront à répondre à un besoin de réassurance, de sécurité de fond, d’affection…
Les principaux troubles de l’attachement sont selon les auteurs et la théorisation de l’attachement à savoir que tout d’abord :
L’enfant n’a pas le choix. Pour survivre, il doit être attaché à sa ou son premier donneur de soin même si celui-ci est imprévisible et insensible..
Les enfants essaieront de s’adapter au donneur de soin en développant plusieurs stratégies relationnelles ; le but étant de rencontrer leurs besoins physiques et émotionnels, par tous les moyens…
Attachement insécure Angoissé/Anxieux
L’enfant se sent anxieux et très stressé quand la figure d’attachement s’en va mais n’est pas rassuré lorsqu’il ou elle revient.
Il se montrera souple et montrera un comportement dépendant mais rejettera le parent qui entre en interaction. Il sera en colère ou pleurera. Il pourrait résister au contact avec la mère.
Il a peur et évite le regard ou la présence avec des étrangers.
L’Attachement insécure Evitant/Détaché
Pas de signe de stress lorsque la mère s’en va et est à l’aise avec les étrangers. Montre peu d’intérêt lors du retour du parent. Par exemple, si sa mère revient après quelques semaines d’absence, il dira simplement « Bonjour ! » , sans se précipiter dans ses bras ; Il continuera simplement à jouer comme si de rien n’était.
Il ignore le donneur de soin. Un parent ou un étranger peut le réconforter d’égale manière.
Si le parent le prend dans les bras, par exemple, il/elle se
tortillera et cherchera à s’échapper, ; il a du mal à accepter les contacts physiques.
Il montre beaucoup d’indépendance par rapport à la figure d’attachement que cela soit physiquement ou émotionnellement : En détresse, ils ne regardent pas après lui et ne cherchera pas à être rassuré par lui comme dans un attachement sécure.
L’origine en est que souvent la figure d’attachement est indisponible pendant les moments de détresse.
L’attachement insécure Désorganisé
L’enfant a des difficultés à traduire sa réponse émotionnelle lors de la séparation ou en présence de la figure d’attachement.
Il y a un comportement contradictoire non coordonné avec ce qui est arrivé. Il montre des signes de peur évidente.
Il montre en même temps, ou séquentiellement, un comportement ou une émotion contradictoire. Il casse tout dans la relation dès qu’il y a une contrariété.
Il sera en Freeze, en Dissociation. Il a souvent des Traumas avec un grand T ou par rebond car ses parents souffrent probablement, eux-mêmes, de traumas de perte. Il y aura souvent du désespoir et de l’incompréhension totale de son environnement. Souvent un des parents aura eu lui-même des comportements de type volcanique avec des explosions inattendues ou imprévisibles. Ce type de comportement est très destructeur et rend l’environnement très stressant et très insécurisant pour l’enfant.
Le système d’attachement est submergé : Approche + évitement + freezing et le tout sera accompagné d’une grande insécurisation où la figure d’attachement ne remplit pas son rôle. Cela générera chez cet enfant à son stade adulte de grandes difficultés à faire confiance et à se lier durablement.
Le Reactive Attachment Disorder (RAD)
C’est un rare diagnostic psychiatrique marqué par un comportement perturbé et attachement inapproprié, un comportement inhibé qui se repère par un manque de stratégies d’attachement appropriées à son âge, par exemple : Ne pas sourire en retour. – reste seul en crèche- pleure beaucoup– résiste aux consolations – Pauvre contact oculaire – est à plat, semble sans vie, ressemble à une dépression, etc.
Avec les autres enfants (ou en tant qu’adulte avec les enfants) il sera incapable de donner ou de recevoir de l’amour. Il sera en opposition – défiant – manipulateur – contrôlant – montrera de l’agressivité -
Il ne pleure pas quand il est triste, évite la proximité et le toucher
On ne peut pas s’y fier ; il est destructeur de soi, des autres et des biens ; il peut être cruel envers les animaux ; il vole et a peu de conscience ; il peut montrer de la mythomanie ; de la pauvreté relationnelle, avoir du passage à l’acte sexuel ; des questions sans queue ni tête, de la persistance dans celles-ci, etc.
Vos comprendrez que ces formes d’attachement impactent bien évidemment et directement nos facultés et notre capacité, en tant qu’adulte, à gérer les liens, les relations tant professionnelles qu’intimes ou amicales.
Cette solitude peut donc être le fruit de ces blessures d’attachement ou des mécanismes mis en place pour tenter de s’y adapter ou de protéger les parts de nous qui y ont été sensibles. C’est ce que nous appelons les sous-personnalités dans le modèle Ego States Therapy (IFS, Self Emotional Balancing).
Ces sous-personnalités – parts – peuvent mettre en place des mécanismes afin de nous protéger ou de nous obliger à réparer et prendre soin de la part blessée.
Les Exilés représentent la blessure et la souffrance est appelée le fardeau ; Les protecteurs Pompiers qui cherchent à protéger l’exilé ou à éviter que la souffrance de celui-ci blesse le reste du système ; le protecteur manager qui, lui, cherche à contrôler les excès des Pompiers. Lorsque ces parts s’opposent et sont de force égale cela amènera des situations d’immobilisme du système traduit, par exemple, par de la procrastination. Ce qui amènera une personne qui aimerait développer des relations dans un évitement des situations où il pourrait rencontrer les autres. Ce qui finira par engendrer d’autres souffrances et l’apparition d’autres exilés avec leurs propres protecteurs, et ainsi de suite.
Dans le modèle des Ego states, nous appelons le roi des pompiers la part qui finira par ne voir dans le suicide que la seule solution pour sortir de cette souffrance, et déposer enfin ce fardeau de l’Exilé ;
Bien entendu, si nous pouvons déjà nommer ces parts, ces mécanismes, nous récupèrerons de l’espace où la réparation et la guérison peuvent prendre racine et orienter la personne vers une paix intérieure.
L’être humain est un être social mais ne cesse pas d’exister si il est seul ; Les liens peuvent prendre diverses voies. Les réseaux sociaux, le bénévolat, les activités et cercles sportifs, l’amitié, la famille, etc. Ce qu’il est important de réaliser c’est que nous avons la capacité interne de visualiser différemment notre « solitude ».
Comme le disait Bouddha : « La pensée se manifeste par une parole , la parole se traduit par un acte, l’acte devient une habitude, et l’habitude se solidifie en un caractère. Alors, observe avec soin la pensée et ses méandres, laisse-la jaillir de l’amour. Né du souci de tous les êtres… De même que l’ombre suit le corps, tel on pense, tel on devient. »
Comprenez bien que dans cette citation ce que Bouddha cherche à nous faire comprendre c’est que nous avons la possibilité par la conscience de nous dés-amalgamer de ces pensées, ou de l’interprétation faites de notre environnement par la pensée, de ces croyances qui entretiennent une souffrance.
Sommes-nous condamnés à souffrir de la solitude ?
Plusieurs thérapies parmi lesquelles la méthode Self Emotional Balancing SEB, les Ego States et l’IFS, permettent de réparer et de déconstruire ces mécanismes en remettant la personne et « ses » parts dans le mouvement de la vie. Celles-ci ne se sentiront plus seules ou exclues mais en paix avec elles-mêmes, dans une meilleure compréhension de leurs mécanismes mais surtout dans la réparation au travers de diverses approches ou outils intégrés.
La respiration compassionnelle de cohérence cardiaque par exemple permettra d’accentuer la reconnaissance de ces parts et leur guérison ou réparation.
La solitude ne sera plus vécue avec le même impact mais plus comme une capacité de ressourcement et la créativité de se nourrir des liens, quels qu’ils soient avec la nature et l’autre. Tout comme dans un couple où nous pouvons sentir un plus dans ce lien de couple sans être dans un moins lorsque le couple se défait.
Nous avons la capacité de ressentir ce plus avec nous-même et de ne pas nous sentir « moins » lorsque nous sommes physiquement isolé. Psychiquement, nous pouvons nous connecter à l’autre, à la Nature, à notre nature et nous épanouir le temps d’une saison ou deux. Tout comme la nature en automne et en hiver, nous pouvons ressurgir au printemps avec nos plus beaux atours.
Si la solitude représente plutôt « souffrance » que « moments joyeux » pour vous, vous pouvez trouver un protocole EFT/tapping spécialement conçu pour vous sur : https://blog.iepra.com/ |
Yves Wauthier-Freymann est Psychothérapeute à Ottignies-Louvain-la-Neuve. Yves est spécialisé en Trauma complexe et troubles de l’attachement. Il est aussi superviseur IFS et co-directeur de Iepra
www.iepra.com.
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