Tao et Taoïsme

Par Gérard Guasch


Tao et Taoïsme

Le caractère tao est composé de deux éléments : tête (à droite) et pied ou, plus exactement, pas (à gauche) qui se glisse sous le précédent. Tao, c’est comme un panneau indicateur qui marque « un mouvement vers », un chemin, une voie. En chinois, c’est un mot commun, d’usage fréquent qui désigne aussi bien une voie de circulation que le lit d’un fleuve, son cours, celui d’un repas ou de la vie même, c’est-à-dire un développement, une suite, un ordonnancement.

Chaque école philosophique ou scientifique, chaque entreprise, chaque groupe, chaque parti, a son tao. Pour les familiers du Tao, ceux-ci ne sont que des règles de conduite, ils ne doivent pas être confondus avec le Tao constant, immuable, l’éternel Tao. Ce Tao là ne se laisse pas nommer, on ne peut que le sentir, le ressentir dans sa propre intimité.

Dès l’ouverture du Tao-te king (Daode jing), ouvrage attribué à Lao-tseu (Laozi) nous pouvons lire :

Le tao que l’on peut nommer n’est pas l’éternel Tao
Le nom qu’on peut lui donner n’est pas son éternel nom.
Sans nom : du Ciel et de la Terre, il est le principe.
Avec nom : de tous les êtres, la mère.

Le Tao est une source où l’on puise sans qu’elle s’épuise.

Source de force, de sagesse, de vie, le Tao est le Principe, la Source ; de lui découle toute vie. C’est pourquoi nous le respectons et, dans le taoïsme religieux, lui rendons grâce au travers d’offrandes et de célébrations.

Te (ou De)

Le Tao révèle sa puissance au travers de ses œuvres. En chinois on appelle celle-ci « Te » (De), terme que l’on retrouve dans le titre du Tao-te king (Daode jing) et que l’on traduit généralement par vertu. Vertu qui n’est pas une vertu morale, mais plutôt celle que l’on attribue à un traitement, une plante, une eau thermale, c’est-à-dire une qualité intrinsèque, un effet, un pouvoir, une puissance. On peut ainsi parler du « Livre du Tao et du Te » ou du « Livre du Tao et de son pouvoir ». King (Jing) signifie livre précieux, ouvrage de grande valeur.

La voie du Tao

C’est une énergie semblable à celle du Tao, une telle lumière, un pareil rayonnement que se proposent de développer en nous les antiques arts taoïstes de concentration, méditation, respiration.

La voie du Tao est une philosophie de vie, un mode de réalisation personnelle, compatibles avec n’importe quelle autre croyance, une voie où l’on peut cheminer à son rythme personnel. C’est un art de vivre que l’on peut pratiquer au quotidien. L’important est de laisser fleurir en soi l’esprit du Tao, de se laisser habiter par lui, sans chercher à forcer les choses. La méditation, la concentration, le vide intérieur nous y aident. C’est pourquoi il est bon de se donner des espaces de tranquillité ne serait-ce que quelques minutes chaque jour. Des « pauses Tao » pour souffler, méditer, faire le vide, lâcher prise un moment, pratiquer wou-wei (wu wei) l’action libre et la contemplation.

Les racines du taoïsme plongent dans la plus haute Antiquité, ses origines se confondent avec celles de la civilisation chinoise ; il n’a ni date ni lieu de naissance précis. Tel que nous le connaissons aujourd’hui, il est le résultat d’une évolution longue de milliers d’années (cinq milles dit-on généralement) et de la fusion de divers courants de pensée.

« Celui qui, dans sa conduite, suit le Tao, s’unit avec lui », disent les anciens maîtres.

C’est là l’enseignement du taoïsme antique, à une époque où les adeptes, outre leurs pratiques personnelles, mentales, physiques et respiratoires, se réunissent tout simplement autour d’un brûle-encens pour méditer. La fumée et le parfum de l’encens qui s’élèvent vers le ciel symbolisent le désir du méditant de s’élever vers le Tao et de se fondre en lui.
Autour du brûle-encens tous sont égaux, dit-on.

Et le taoïsme contemporain ?

Celui-ci a plusieurs facettes qu’habituellement en Europe on prétend séparer, mais qui sont en fait étroitement unies :

-  Le taoïsme sapiential qui se nourrit de l’enseignement des vieux maîtres, Lao-tseu (Laozi), Tchouang-tseu (Zhuangzi) et Lie-tseu (Liezi), que l’on appelle parfois les « pères du Tao », sans oublier le plus ancien : Houang-ti (Huangdi) dont le Nei-tching (Neijing) nous donne un vivant portrait au travers de discussions avec son maître en Tao, Chi-po (Qibai). Houang-ti, c’est l’Empereur Jaune, le patron de la médecine et des arts occultes, le père mythique de la civilisation chinoise.

-  Le taoïsme religieux avec ses rites et célébrations, tel qu’il est pratiqué dans les temples et les monastères de Chine continentale, à Taiwan et dans divers pays du monde.

-  Et, à l’interface, le taoïsme ésotérique qui propose de faire l’expérience directe de la lumière du Tao au travers de méditations, de contemplations, de pratiques psychocorporelles (pratiques de longue vie) et de l’alchimie intérieure.

Le taoïsme est tout à la fois simple et complexe, un et divers. On ne peut le réduire à la pratique du Chi-kung (Qigong) ou du Taichichuan (Taijiquan) comme on le fait trop souvent. Les arts du Tao sont infiniment plus riches que ça.

Qu’enseigne le taoïsme ?

Essentiellement que nous sommes tous filles et fils du Ciel et de la Terre et qu’il nous appartient de maintenir en nous l’équilibre de ces deux énergies : Yang du Ciel et Yin de la Terre. Pour les taoïstes, Ciel, Terre, Homme (être humain) sont les « Trois puissances » qui conforment ce que l’on appelle généralement la « Grande Triade ».

« Le Ciel est en haut, la Terre est en bas ; les êtres vivent entre le Ciel qui les couvre et la Terre qui les porte », dit-on et Tchouang-tseu (Zhuangzi) assure : « Qui comprend la vertu du Ciel et de la Terre peut retrouver le principe premier », c’est-à-dire le Tao.

Le taoïsme enseigne aussi l’humilité, l’humour, la modération, le respect de soi et des autres. La voie du Tao nous invite à reconnaître et à admirer la grandeur de l’univers, à nous sentir reliés à lui, à aimer la nature, à vivre en harmonie avec les êtres et les choses, à respecter leur liberté. Elle nous invite à être sans cesse à l’écoute du chant de la vie en nous.

L’adepte du Tao est un allié indéfectible de la vie. Il cultive la paix ; celle du cœur, du corps, de l’esprit ; celle des ménages, des familles, des cités, des nations… Il ne se lève pas en armes, n’entretient pas la colère en lui. Il recherche les relations de « bon voisinage », préserve l’harmonie entre les êtres, sait dire : pardon, merci, je t’aime..., cultive la générosité et l’esprit de service.

On entend parfois dire que le taoïsme est démocratique et même quelque peu anarchiste…

C’est vrai, le taoïsme est démocratique et libertaire.

« Ceux qui sont en harmonie sont comme un écho, ils suivent le Tao et n’ont besoin ni de dieux ni de démons car ils sont libres et indépendants » dit le Nei-tching. « Libre et indépendant », voilà l’idéal taoïste.

Il n’existe pas de Vatican taoïste, pas de pouvoir central. Le taoïsme est comme un grand fleuve alimenté par divers courants. Il n’existe pas non plus de livre unique, mais une très riche collection de textes de référence, même si le Tao-te king et la figure de Lao-tseu servent de point de ralliement à tous les taoïstes du monde. Comme nous l’avons-dit, autour du brûle-encens tout le monde est égal. La relation d’enseignement et de filiation, faite de respect mais non de dépendance, se fait directement avec un maître que l’on choisit et qui nous choisit dans une acceptation réciproque. C’est une relation personnelle. Ce maître on l’appelle Tche-fou (shifu), ce qui veut dire enseignant et père, qui sont les deux fonctions qu’il assume auprès de son disciple.

La pensée taoïste en plus d’être fondamentalement libertaire est aussi, de par son profond respect de la nature, écologique.

Adepte du Tao depuis de longues années, disciple de maîtres versés dans l’étude des ouvrages anciens, Gérard Guasch (de son nom taoïste Tian Xin Ben) est un dao shi (Maître du Tao) qui appartient à la vingt-cinquième génération de la tradition Long Men (la Porte du Dragon). Il enseigne la Voie du Tao du Cœur. Il est aussi médecin psychosomaticien, analyste reichien et tintinophile à ses heures. Il pratique l’acupuncture et diverses thérapeutiques énergétiques d’origine ou d’inspiration chinoise.

Gérard Guasch à publié en 2010 aux Presses du Châtelet, Vivre l’énergie du Tao. Tradition et pratiques, qui est une introduction au taoïsme en dix chapitres, chacun accompagné d’une pratique simple pour s’entraîner à la méditation.

Écrit à partir de son expérience propre, ce livre est une invitation à découvrir de façon personnelle la voie du Tao.

Après une exposition des origines du taoïsme et de ses mythes fondateurs, il y présente les livres et les grandes figures, et s’efforce d’y montrer en quoi cette voie, compatible avec n’importe quelle croyance, peut nous aider à renforcer notre énergie vitale et ce qu’elle peut apporter à notre vie de chaque jour.
Et pour aider le lecteur à s’y retrouver dans l’abondance des livres publiés aujourd’hui, le livre se clôt sur une bibliographie commentée.

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