Transition

La Terre au cœur de notre humanité. Écopsychologie et Écothérapie.

par Martine Capron, psycho-somatothérapeute, écothérapeute


La Terre au cœur de notre humanité. Écopsychologie et (...)

Tout d’abord qu’est-ce que l’écopsychologie ?

En voici une belle définition reprise du livre « Écopsychologie » de Michel Maxime Egger (Ed. Jouvence 2017) :
« L’écopsychologie est l’étude des interrelations profondes entre la nature et la psyché humaine, dans leurs dimensions à la fois conscientes et inconscientes. Elle prend en compte les composantes psychologiques et émotionnelles des problèmes environnementaux … et replace les souffrances humaines dans le contexte écosystémique global » (et donc pas seulement familial et social).

Mais l’écopsychologie est aussi un mouvement social, héritier de la contre-culture des années 70 et qui a vu le jour aux Etats-Unis au début des années 90, dans la foulée du Sommet de la Terre à Rio. Ses livres fondateurs sont « The Voice of the Earth (1992) » de Theordore Roszak et «  Ecopsychology : Restoring the Earth, Healing the Mind (1995) » de Th. Roszak, ME Gomes et AD Kanner.

Ce mouvement, qui s’est beaucoup développé depuis, vise à faire réfléchir et agir ensemble scientifiques, écologistes et psychologues, psychothérapeutes.
Son premier slogan : «  L’écologie a besoin de la psychologie, la psychologie a besoin de l’écologie »

En effet, tout ce que la psychologie a étudié à propos des comportements humains a beaucoup à nous dire sur nos habitudes environnementales toxiques.

Et comme les écologistes cherchent à faire changer ces habitudes, n’est-il pas intéressant pour eux de s’appuyer sur ce que les “psys” peuvent leur apprendre ?

Il leur est en effet apparu essentiel de comprendre les ressorts intimes – émotionnels, et souvent irrationnels - des comportements humains anti-écologiques, destructeurs de la nature et qui vont jusqu’à notre auto-destruction !

La psychologie a aussi besoin de l’écologie pour élargir au monde non humain sa compréhension de la psyché humaine, en saisissant les liens mutuels qui peuvent exister entre les maladies de l’âme et les maux de la planète.

Quelques questions-clés de l’écopsychologie :
-  Quelle est ma juste place dans le monde, dans la nature ?
-  Quels sont les talents que je désire développer et lui offrir ?
-  Quelles sont les qualités humaines dont un écosystème sain a besoin ?
-  Comment, nous, en tant qu’espèce, pouvons-nous vivre durablement sur cette terre ?
-  Comment, nous, en tant qu’individus, pouvons-nous créer des vies et des relations durables ?

La durabilité, qui est un concept de base en écopsychologie, nous invite donc immanquablement à la réciprocité et à l’interdépendance ; ce qui requiert une diversité de perspectives et le développement de la capacité de chacun.e de nous à tolérer les ambiguïtés, voire le chaos par moments…
Cela n’est possible qu’avec des individus et des groupes paisibles et bien centrés !

Ce travail de centrage et d’apaisement est proposé par l’écopsychologie et son application pratique, l’écothérapie.

L’écopsychologie nous invite aussi à un (r)éveil à la beauté du monde en même temps qu’à un travail de deuil de nos défaites et de nos pertes suite à nos viols de la nature.

Ce travail demande bien sûr un éveil de nos sens, qui n’est possible que quand nous habitons pleinement notre corps.

D’où la grande importance du travail corporel en écothérapie (respiration, mouvement, danse, exploration consciente de tous nos sens, contact physique avec la nature,...)

Alors qu’est-ce que l’écothérapie ?

L’écothérapie, appelée aussi parfois « thérapie verte », est une thérapie qui reconnaît le rôle vital de la nature et s’occupe de la relation que l’humain entretient avec elle.

Thérapie tenant compte à la fois des découvertes scientifiques les plus récentes et des sagesses indigènes ancestrales, elle s’appuie sur le fait qu’en tant qu’êtres vivants nous sommes intimement liés et inséparables du reste du monde vivant, et que nous en avons un besoin fondamental.

Pourquoi l’écothérapie devient-elle importante aujourd’hui ?

Les blessures que nous subissons toutes et tous sur les plans émotionnel et corporel au sein de nos économies modernes, basées sur la surexploitation de la terre, le consumérisme (addiction à la consommation) et l’injustice sociale, nous perturbent consciemment et inconsciemment et interfèrent avec notre capacité à penser et à agir avec justesse, tout en nous dressant également bien souvent les uns contre les autres dans des compétitions et des luttes de pouvoir sans fin.

Pour beaucoup d’entre nous, faire face à la fois à ce qui se passe en nous-mêmes et dans la nature est souvent si accablant que nous préférons nous insensibiliser à notre environnement qui se dégrade et regarder ailleurs.

De plus, la perte de notre ancrage dans la nature nous empêche de sentir et de reconnaître qu’une série de nos propres actions sont destructrices à la fois pour nous-mêmes, les autres êtres vivants et la Terre toute entière.

Pour nous protéger de ces prises de conscience douloureuses, nous préférons fuir dans le déni, la passivité, le fatalisme… et laisser ces problèmes aux experts…

Seul un travail de guérison intérieure, qui se fait le plus souvent en groupe, peut nous aider à reconnaître et partager ces souffrances, ces peurs et ces culpabilités qui nous alourdissent le corps et l’esprit, pour ensuite les transformer en bonheur et pouvoir d’agir créativement ensemble au service de tout le vivant sur notre Terre (nous y compris !).

Ce travail de relâchement émotionnel ne pouvant s’accomplir que dans un cadre suffisamment sécurisant et bienveillant, c’est donc le travail des écothérapeutes que de créer ces cadres sécurisants (individuellement et en groupe) et d’y encourager l’expression de tous les sentiments douloureux liés à l’ensemble de la nature vivante dont nous faisons partie.

L’écothérapeute qui est sensuellement et énergétiquement présent à ses patients/participants pourra alors les accompagner dans « leur retour à la maison », c’est-à-dire les aider à habiter pleinement la place où ils se sentent le mieux connectés à la fois à eux-mêmes, à une communauté de personnes et à toute la toile du vivant.

Martine Capron anime, au sein de l’Ecole européenne de psychothérapie socio- et somato-analytique, des stages d’initiation à l’écopsychologie et à l’éco-Gestalt.

Elle est aussi l’une des formatrices dans une formation longue en écopsychologie, organisée en Belgique. (www.ecopsychologiefrancophone.org)

Enfin, retrouvez l’interview croisée de Martine Capron avec son mari, Jean-Pascal van Ypersele, climatologue, ex-vice-président du GIEC, dans la web-série « Next » de Clément Montfort :

Article proposé par le Réseau de soutien à la transition intérieure http://reseaudesoutien.reseautransition.be/

Publication proposée par : Réseau Transition.be

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- http://reseautransition.be
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