Nous pensons spontanément que la langue que nous utilisons est un outil neutre qui nous permet de décrire efficacement le monde, de donner des informations, d’exprimer nos sentiments et bien d’autre choses.
Alfred Korzybski (1876 – 1950) [1] s’est posé la question des présupposés - et notamment de l’héritage de la pensée d’Aristote dans la culture occidentale - qui sous-tendent notre utilisation de la langue et plus particulièrement des relations qui lient langue et réel.
Le langage est omniprésent dans presque toutes les activités humaines qu’il permet de décrire, de comprendre (prendre avec soi) de théoriser. C’est aussi par sa médiation que nous pouvons relier les différentes étapes de notre vie personnelle et/ou collective et construire une histoire.
Le mot français "sémantique" nous vient du Grec sêmantikos : qui signifie. Il a été proposé en 1883 par le linguiste français Michel Bréal (1832 - 1915), professeur au Collège de France. Mais, la Sémantique générale de Korzybski ne doit pas être considérée comme une partie de la linguistique au sens habituel de ce terme.
Voici deux définitions de la sémantique, celle de la "sémantique (en général)" et celle de la "sémantique générale" de Alfred Korzybski.
- La première est traditionnelle et relève de l’étude des langages. La sémantique concerne le sens des énoncés.
- La seconde porte sur notre façon d’évaluer le monde. La Sémantique générale de Korzybski traite de la manière dont les êtres humains réagissent à leur propre processus de perception.
Ou bien, formulé différemment, elle étudie la manière dont nous produisons du sens dans notre expérience du monde, comment nous jugeons les différents aspects de notre vie quotidienne en fonction de nos croyances et notamment de nos valeurs.
La circularité de la connaissance
Notre relation au monde s’effectue à trois niveaux :
le monde des événements : ondes corpuscules, champs, etc. Ce niveau ne nous est pas directement accessible et n’intéresse que les spécialistes de ces questions (scientifiques, mathématiciens, biologistes …),
le monde empirique qui se fonde sur notre expérience spontanée. C’est ma réalité expérientielle,
le monde symbolique qui utilise nos différents langages pour décrire les deux premiers niveaux.
Ces 3 niveaux forment une boucle que Korzybski nommait la circularité de la connaissance.
Monde des événements ? Monde empirique ? monde symbolique ? Monde des événements...
Cette boucle crée une incertitude sur notre neuro-réalité "qui perd tout fondement ontologique premier." [2]
L’apprentissage de la Sémantique générale est ludique et son application quotidienne valorisante car elle se positionne en méta-discipline dans la plupart de nos activités. Dans un environnement surmédiatisé, ou l’information se substitue à l’expérience du monde, cette discipline se positionne en prophylaxie de la communication et nous aide à créer du sens.
 Michel Saucet a une formation d’ingénieur. Après quelques années de recherche technique, il a orienté sa carrière vers le marketing et la gestion avant de se consacrer au conseil et à la formation. Depuis, il anime régulièrement des stages de sémantique générale dans les entreprises et auprès de personnes souhaitant, dans un cadre associatif, faire une démarche de développement personnel. Membre de l’Institute of General Semantics (U.S.A.) il est très impliqué dans le développement de cette technique en France. Auteur de La sémantique générale aujourd’hui. |
[1] Alfred Korzybski (1876 - 1950), ingénieur polonais qui s’est intéressé, entre autres, à l’influence de la structure des langues sur notre interprétation du monde.
[2] Edgar Morin