Belgique - Le 13 janvier 2014

Communiqué de Presse : Psychothérapie, future législation.

Plate-forme des professionnels de la santé mentale


Communiqué de Presse : Psychothérapie, future législation.

Nous avons choisi de prendre la parole aujourd’hui afin de donner notre point de vue concernant la proposition de loi qui va légiférer les professions psy (psychologues cliniciens et psychothérapeutes) et dont nous attendons la résolution depuis de très nombreuses années.
Afin aussi de rectifier les fausses informations qui circulent autour de cette future législation, informations qui s’apparentent beaucoup plus à de la défense corporatiste qu’à une analyse objective du travail des parlementaires sur le sujet.

QUI SOMMES-NOUS ?

Nous sommes des représentants de ce secteur professionnel qui se battent depuis des années au côté, et parfois contre, les politiques qui se sont succédés pour tenter de légiférer notre secteur. Nous représentons les associations sérieuses de ce secteur. Des associations qui souhaitent que leur profession soit reconnue, protégée et soumise à des exigences de compétences. Des associations qui veulent offrir une garantie de sérieux aux patients qui s’adressent à nous et surtout la reconnaissance d’une déontologie qui les protège.

Dès le début des discussions concernant les différents projets ou propositions de loi, nous avons voulu bannir tout esprit corporatiste, établir des dialogues et des ponts entre les différentes professions concernées : psychologues, psychiatres, psychothérapeutes, travailleurs sociaux, conseillers conjugaux, médecins généralistes, assistants en psychologie,…
Un dialogue aussi entre les psychothérapeutes eux-mêmes malgré leurs différences de théorisations et de pratiques : psychothérapeutes travaillant en institution ou en privé, psychothérapeutes d’enfant ou d’adulte, psychothérapeutes systémiciens de couple ou de famille, psychanalystes, psychothérapeutes psychanalytiques et psycho-dynamiques, psychothérapeutes humanistes, centrés sur la personne ou l’expérientiel, et même psychothérapeutes cognitivo-comportementalistes au début.

C’est ainsi que la Plate-Forme des Professions en Santé Mentale a vu le jour et travaille d’arrache-pied depuis le début des années 2000 pour faire reconnaître le secteur de la santé mentale à côté du secteur de la santé somatique.

NOTRE POSITIONNEMENT :

Tout d’abord nous tenons à remercier chaleureusement tous les parlementaires qui ont eux-aussi dépassé les clivages de leurs idéologies pour s’unir dans la rédaction d’un texte commun, avec les encouragements efficaces de Madame la Ministre Onkelinx. Grâce à ce travail acharné, nous pouvons enfin espérer qu’une loi puisse voir le jour très prochainement.
Nous saluons leur méthode de travail à l’écoute du milieu professionnel dans son ensemble, tant du côté des universitaires que des praticiens du terrain.

Nous saluons leur volonté de faire reconnaître le domaine de santé mentale dans l’AR 78, en y introduisant les psychologues cliniciens et les orthopédagogues comme des professions totalement autonomes et en créant un conseil supérieur de la santé mentale, pendant du conseil supérieur de la santé. C’est un premier pas important qui, nous l’espérons, sera suivi par d’autres.
Nous saluons leur intelligence d’avoir compris que la profession de psychothérapeute sortait des critères purement académiques, même si la nécessité et la valeur de l’enseignement sont fondamentales. Ainsi le fait d’exiger une vraie formation de psychothérapeute pour tous les praticiens, quelle que soit leur formation de base, est tout à fait essentiel pour les patients.
Nous saluons enfin leur ouverture d’avoir respecté ce qui fonctionnait déjà bien dans le secteur tout en s’attelant à y mettre des balises afin de pouvoir éliminer les faux professionnels, ceux qui risquaient de mettre les patients en danger.

Globalement, nous trouvons que le travail des parlementaires, pour difficile qu’il ait été, n’en est pas moins remarquable. Ils ont su naviguer entre les conflits d’intérêts, les conflits d’influences, les différences de sensibilités et de points de vue, les tendances corporatistes, …, pour arriver à un compromis acceptable pour la plupart.

NOS QUESTIONNEMENTS ET INSATISFACTIONS :

Ceux-ci concernent le projet lui-même mais aussi et surtout ses commentaires d’articles.

CONCERNANT LE PROJET LUI-MÊME :

Nous regrettons le fait qu’il n’y ait pas une différenciation plus claire entre l’exercice de la psychologie clinique et celui de la psychothérapie. Ce flou est la porte ouverte des confusions de rôles et de pratiques. Comment les patients vont-ils s’y retrouver ?
Si le psychologue clinicien est désormais obligé d’avoir suivi une formation de psychothérapeute pour pouvoir exercer la psychothérapie, il est néanmoins autorisé, sans cette formation, à « une prise en charge et un soutien de la personne en souffrance psychique ou psychosomatique. »
Le psychothérapeute est autorisé à « l’accomplissement d’interventions psychothérapeutiques dans le but d’éliminer ou d’alléger les difficultés, conflits ou troubles psychiques d’une personne », ce qui correspond à sa prise en charge.
Où est la frontière ?

Nous regrettons que le fonctionnement de la médecine somatique soit imposé aux professions de psychologue et d’orthopédagogue dont l’épistémologie et le fonctionnement sont différents, ex. organiser des services de garde ou être soumis à une obligation de transmission des données. Certes ces éléments ont été nuancés dans les commentaires d’articles, mais avaient-ils vraiment leur raison d’être ?

Nous regrettons que, dans la définition de l’exercice de la psychothérapie, ne soit pas mentionnée la capacité du psychothérapeute à poser un diagnostic psychothérapeutique, ce qui est fondamental pour une pratique sûre pour le patient. En effet, le psychothérapeute va adapter ses interventions en fonction de ce diagnostic de départ et ce quel que soit son approche.

Nous regrettons aussi qu’il ne soit nulle part fait référence à la nécessité d’avoir suivi une psychothérapie soi-même pour pouvoir pratiquer la psychothérapie. Or si le savoir est facile à enseigner, le savoir-faire déjà plus complexe, le savoir être est un élément fondamental de l’apprentissage du métier. Cela doit permettre de voir plus clair dans ses propres problèmes afin de ne pas les mélanger avec ceux des patients, mais aussi de prendre conscience de ses propres enjeux narcissiques, de pouvoir et de contrôle afin de laisser toute la possibilité pour le patient de devenir lui-même sans être influencé par le psychothérapeute.

Nous regrettons beaucoup le fait que le conseil supérieur de la santé mentale soit embryonnaire par rapport au secteur de la santé mentale lui-même et ne permette dès lors pas une réflexion plus approfondie sur la place de ce secteur dans le champ de la santé. C’est d’ailleurs le parent pauvre du domaine de la santé en matière d’investissements et de financements.

CONCERNANT LES COMMENTAIRES D’ARTICLES :

Nous ne pouvons absolument pas accepter la mention qui dit que « la psychothérapie n’est pas une profession en soi », ce qui contredit d’ailleurs d’autres éléments du texte.
En effet, comment peut-on exiger que des professionnels aient suivi une formation minimale de 3 ans dans le domaine psycho-médico-social plus un an de mise à niveau théorique auprès d’une université ou d’une haute école, soit 4 ans minimum avant d’être accepté dans une formation de psychothérapeute qui va durer elle aussi 4 ans minimum (soit à l’université, soit dans un institut agréé) (donc un total de 8 ans minimum) pour au final leur dire qu’ils n’exercent pas un métier !!!

Nous regrettons aussi que, sous la pression d’un groupuscule de psychanalystes élitistes qui ne veulent aucun contrôle de leur formation, les commentaires excluent les psychanalystes du champ de la santé mentale dans laquelle ils occupent une place importante et utile. Les deux plus grosses associations belges de psychanalyse ont d’ailleurs fait savoir leur opposition à cette exclusion et nous les soutenons.

LA DÉSINFORMATION :

Certains prétendent que la proposition de loi manque d’ambition ou de sérieux en ouvrant l’accès à la psychothérapie à des bacheliers (3 ans d’études supérieures). C’est méconnaître que la proposition exige une mise à niveau si nécessaire avant l’accès à la formation de psychothérapeute + 4 ans minimum de formation à la psychothérapie. Cela veut dire que pour devenir psychothérapeute, il aura fallu se former pendant minimum 8 ans, mais cela peut aller jusqu’à 15 ans pour les psychiatres.

Certains prétendent que le fait que les formations de psychothérapeutes puissent se donner hors université rend celles-ci farfelues et non sérieuses et donc entraîne une pratique dangereuse pour les patients.
Cela ignore le fait que, depuis leur origine, les formations de psychothérapeutes se sont données hors université, au départ essentiellement sous forme de compagnonnage. Ce n’est que beaucoup plus tardivement que certaines universités ont mis en place un 3e cycle en psychothérapie qui s’organise toujours en collaboration étroite avec les professionnels du terrain.
Par ailleurs, les formateurs en psychothérapie sont généralement des professionnels qui théorisent leur pratiques, publient dans des revues spécialisées, donnent des conférences, participent à des congrès... Le fait de publier n’est pas l’apanage unique des universités. La majorité des publications concernant les psychothérapies ne viennent d’ailleurs pas du milieu académique. On ne peut que regretter que beaucoup d’universités soient désintéressées par ces travaux et les approches dont ils parlent.

Certains prétendent que les instituts de formations à la psychothérapie sont gérés par des personnes avides d’argent et de pouvoir.
Depuis de nombreuses années, les associations de professionnels, rejoints par certains instituts de formations, se sont regroupées en fédérations professionnelles afin d’organiser leur secteur, d’y mettre de l’ordre et surtout d’établir des critères de sérieux tant au niveau des formations que des pratiques, avec le souci d’une déontologie respectueuse tant du patient que des professionnels. Donc point de gourou ni d’esprit mercantile au sein de ces fédérations. La plupart de ces fédérations sont signataires de ce communiqué de presse.

Certains disent que ce sont des gens incompétents qui vont bénéficier de cette loi. Parmi les membres des associations que nous représentons, il y a des psychiatres, des psychologues, des médecins, mais aussi des psychothérapeutes certifiés par leurs écoles et qui ne sont ni psychiatres ni psychologues. Il y a aussi des professeurs d’université. S’agit-il là de gens incompétents ? Tous se considèrent comme collègues à part entière.

Certains disent que la psychothérapie n’est pas un métier mais un acte spécialisé. Cependant, quel que soit son diplôme de base, quelle que soit la pratique que l’on avait avant de pratiquer la psychothérapie, celle-ci change automatiquement une fois que l’on devient psychothérapeute. Et cette pratique devient la même que l’on soit précédemment psychiatre, psychologue ou assistant social.

Nous pourrions encore aborder d’autres aspects ici mais notre propos serait trop long.
Nous vous remercions pour votre présence et pour l’écho que vous accepterez de donner à nos remarques.

Nous restons à votre disposition pour approfondir les points que vous souhaiteriez.

Signataires :

Les associations membres de la Plate-forme :

  • Association des Psychologues Praticiens d’Orientation Psychanalytique (fédération professionnelle reconnue)
  • Union Professionnelle des Psychologues
  • Fédération Belge des Psychothérapeutes Humanistes
  • Association Belge de Psychothérapie/ Belgische Verenering voor Psychotherapie (fédération professionnelle reconnue)
  • Fédération Francophone Belge de Psychothérapie Psychanalytique (fédération professionnelle reconnue)
  • Association Belge pour l’Intervention et la Psychothérapie Familiale Systémique



Plate-forme des Professionnels de la Santé Mentale
Présidente : Françoise Daune (francoise.daune@skynet.be)
Vice-président : Pascal Lapeyre (pascallapeyre@yahoo.fr)
Trésorier : Paul Kestemont (paul@kestemont.com)
Secrétaire : Bénédicte Lepièce (benedicte_lepiece@yahoo.fr)

34, rue des Flawnées 5100 NANINNE http://www.plateforme-psysm.be/

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